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Pourquoi j’ai pas mangé mon père (sur Ciné + Famiz)
Sortie
le 23/08/2024
De Jamel Debbouze avec les voix de Jamel Debbouze, Mélissa Theuriau, Arié Elmaleh, Youssef Hajdi, Julian Clais et Johanna Hilaire
L’histoire trépidante d’Edouard, fils aîné du roi des simiens (les pré-humains), qui, considéré à sa naissance comme trop malingre, est rejeté par sa tribu. Il grandit loin d’eux, auprès de son ami Ian, et, incroyablement ingénieux, il découvre le feu, la chasse, l’habitat moderne, l’amour et même… l’espoir. Généreux il veut tout partager, révolutionne l’ordre établi, et mène son peuple avec éclat et humour vers la véritable humanité… celle où on ne mange pas son père.
L’humoriste, acteur, scénariste et producteur Jamel Debbouze possède un capital sympathie évident, voire certain et même indéniable pour ne pas dire garanti depuis maintenant une bonne vingtaine d’années. Il était donc inévitable qu’un jour ou l’autre, l’envie de tourner un film le prenne, un 1er long-métrage dans lequel il pourrait endosser plusieurs casquettes dont celles de réalisateur, acteur et de doublage. En effet, concernant ce dernier point (qu’il avait d’ailleurs déjà expérimenté en prêtant sa voix pour le dessin animé Monstres Academy, sorti en 2013), Jamel n’apparaît ici que sous la forme d’un singe préhistorique ou, si vous préférez, sous l’incarnation d’un pré-humain avant l’heure tout en animation, utilisant intégralement pour l’occasion le fameux procédé de la performance-capture (une 1ère en Europe), cette méthode révolutionnaire qui consiste à capturer les mouvements humains et expressions faciales de vrais acteurs afin de les enregistrer et de les appliquer sur des personnages fictifs, processus que l’on a pu voir en action notamment dans Avatar. Fort est de constater que cette prouesse technique plutôt complexe sert merveilleusement bien l’histoire et le contenu visuel de cette comédie aussi ambitieuse qu’audacieuse, une adaptation du livre hilarant et presque éponyme de Roy Lewis (Pourquoi j’ai mangé mon père), d’autant plus que Jamel y fait là le pitre dans un festival continu de tchatches speedées « made in Debbouze », d’expressions délirantes avec son débit à la mitraillette bien connu, et autres bons mots drolatiques de son crû pendant 1h30. Là-dessus, vous rajoutez un bestiaire plutôt original, un vibrant hommage à Louis de Funès à travers l’un des personnages dessinés, ainsi que quelques chorégraphies et chansons modernes, et vous obtenez la vision à la comique et singulière de la préhistoire, revue et corrigée à la sauce de cet acteur-réalisateur le plus iconoclaste du cinéma hexagonal ! Malheureusement, cette technique hors du commun ne suffit pas à sauver le reste, ni les idées qui n’aboutissent pas toujours, et encore moins les apparences fort trompeuses au demeurant, se faisant au détriment de sa mise en scène souvent trop statique (quasiment un seul et unique décor, celui de l’arbre géant), parfois trop bavarde et trop bruyante (il y a un cafouillage évident, à la fois sonore et vocal, lors des nombreuses manifestations entre simiens) et occasionnellement trop « copiée » (le générique nous rappelle l’intro du dessin animé de chez Disney, Le Roi Lion – acte délibérément voulu paraît-il ! -, et le match sportif dans les lianes, celui disputé par les oiseaux dans Rio 2). Un comble pour un déconneur de sa trempe qui n’arrive même pas à se renouveler ni même à nous tirer quelques bons rires bien francs et sincères de ses drôles d’élucubrations en double préhistorique. Ce film a beau être un projet inventif de longue haleine - qui lui tient à cœur depuis 2008 ! -, il n’en est pas moins une réussite évolutive toute en demi-teinte : d’ailleurs, à ce petit jeu « néolithique » plutôt parodique, Alain Chabat et les Robins des Bois s’étaient bel et bien brûlés les cheveux avec RRRrrrh !!!, sorti en 2004....
C.LB
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