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L’odeur de la mandarine (sur Ciné + Emotion)
Sortie
le 16/01/2025
De Gilles Legrand avec Olivier Gourmet, Georgia Scalliet, Dimitri Storoge, Hélène Vincent, Fred Ulysse et Romain Bouteille (les 16, 17, 19, 22, 28 et 30/01 + 04/02)
Eté 1918. La guerre fait rage pour quelques mois encore, mais pour Charles et Angèle, elle est déjà finie. Lui, officier de cavalerie y a laissé une jambe. Elle, son infirmière à domicile, vient de perdre au front son grand amour, le père de sa petite fille. Unis par le besoin de se reconstruire, ils nouent une complicité joyeuse qui les ramène à la vie. Sur l'insistance de Charles, Angèle accepte un mariage de raison. Il leur faudra entrer en guerre, contre eux-mêmes et contre l'autre avant d'accepter l'évidence de la passion qui les lie malgré eux…
Après L’odeur de la papaye verte, film sorti en 1993 autour de l’évocation d’une femme traditionnelle vietnamienne, place aujourd’hui à celle de la Mandarine, simple nom donné à une jument à la belle couleur orangée ! Même si le « goût » diffère autant pour les 2 fruits que pour l’esprit des 2 longs métrages cités ci-dessus, la fond comme la forme scénaristiques elles ne changent pas beaucoup, du moins, pas radicalement, et gardent un côté assez similaire dans la trame, c’est-à-dire que dans les 2 cas, il est question aussi bien de drame que de romance, de par la période historique violente décrite ici (on passe des années 50 au Vietnam en pleine ébullition pour le premier, à la fin de la guerre très meurtrière de 14-18 pour le second), et de par l’histoire sentimentale qui y est dépeinte devant nos yeux (pour l’un, il s’agit du parcours d’une petite paysante servante dans une famille de la ville de Saïgon qui va devenir un membre important de la famille ruinée qui l'a embauchée, et pour l’autre, celui de 2 âmes blessées, de 2 « infirmes » de l’existence autant physique que psychique, qui vont tenter à se reconstruire tant bien que mal ensemble et dont la première est au service de la 2ème avant de l’épouser), le tout sur fond d’ambiances douces, évaporées, désuètes et même surannées (la photo est souvent traitée en sépia), bref, d’une époque militaire révolue au début du siècle dernier. Cet aspect sentimental d’un autre temps, quelque peu lancinant – manque de rythme certain au début -, voire exacerbé – la présence légèrement envahissante d’une BO de circonstance nous y fait parfois penser -, est marqué par des intentions, attitudes, politesse, usages, conventions et autres non-dits, ainsi que par pas mal de regards qui en disent long sur la suite des évènements et la tournure que vont prendre les choses. Il est évident que la réalisation – celle de Gilles Legrand (Malabar Princess ; La jeune fille et les loups ; Tu seras mon fils) - on ne peut plus classique de ce film souvent tout à la gloire du cheval, n’aide pas beaucoup à sortir des ornières déjà maintes fois banalisées au cinéma dans ce genre de production qui privilégie plus l’esthétique d’une belle reconstitution et une narration posée, alambiquée et obséquieuse, au profit d’une intrigue rondement menée et de rebondissements mouvementés. Heureusement, il n’en est rien car les personnages principaux sont plus attachants qu’il n’y paraît aux premiers abords. La « faute » à la présence d’Olivier Gourmet, impeccable en officier au caractère bien trempé, à la fois bancal, vidé et insistant (pulsions masculines oblige, forcément !), suivie de Georgia Scalliet (pensionnaire de la Comédie Française, vue à l’écran uniquement dans Rapace) en fille-mère honnête, aussi séduisante qu’indépendante, d’un naturel déconcertant avec ses formules et ses réparties du tac-au-tac qui font mouche à tous les coups. Chacun y va de sa petite phrase ou de sa petite métaphore pour jauger celui – ou celle - qui est en face, dans l’espoir que l’acceptation de soi comme de l’autre se concrétise enfin après avoir fait le deuil et être redevenu humain ou, si vous préférez, vivant dans tous les sens du terme. Et malgré la présence d’un « coq » venu troubler leurs quiétudes dans la basse-cour du manoir sous les traits d’un soldat déserteur (joué par Dimitri Storoge), ce qui devait arriver arriva, relations et confrontations tumultueuses en prime suivi d’un « happy end » en sup puisqu’il ne pouvait pas en être autrement avec ses deux-là au moral d’acier retrouvé ! C’est justement ce qui pourrait nous gêner, le fait que le « tout est bien qui finit bien » soit attendu presque dès le départ sans véritablement de situations angoissantes mais, pour rien au monde, on ne voudrait que ce couple aux mœurs bizarres, certes complice mais pas de façon conjugale – avec à l’appui, un contrat de mariage affiné de sacrés compromis et signé en bon et du forme devant notaire (interprété par un Romain Bouteille trop rare à l’écran) -, ne se quitte pour de mauvaises – ou de bonnes – raisons. Alors, on suit inexorablement la destinée de ce « drôle de duo » - elle féministe avant l’heure et lui, fier comme un paon – tous les 2 totalement au diapason, sans trop chercher la petite bête ni à comparer avec d’autres œuvres du même style (par exemple Lady Chatterley ou La leçon de piano) qui nous ont été déjà servies auparavant à l’écran.....
C.LB
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