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Seul sur Mars (sur Canal + Grand Ecran)
Sortie
le 10/04/2025
De Ridley Scott avec Matt Damon, Jessica Chastain, Kristen Wiig, Chiwetel Ejiofor, Donald Glover, Jeff Daniels, Michael Pena, Sean Bean et Kate Mara (les 10, 11, 13, 16 et 17/04)
Lors d’une expédition spatiale habitée sur Mars, l’astronaute Mark Watney est laissé pour mort par ses coéquipers et abandonné sur place par son équipage, une tempête les ayant obligés à décoller en urgence. Mais Mark a survécu et il se retrouve désormais seul, sans moyen de repartir, sur une planète hostile. Avec de maigres provisions, il va devoir faire appel à son intelligence et devra compter que sur son ingéniosité et son bon sens pour tenter de survivre et trouver un moyen de contacter/d’alerter la Terre qu’il est encore vivant. A 225 millions de kilomètres de là, la NASA et une équipe de scientifiques du monde entier travaillent sans relâche pour le sauver, pendant que ses coéquipiers tentent d’organiser une audacieuse voire impossible mission pour le récupérer au péril de leurs vies.
A la question, est-ce qu’on n’y croit, la réponse est non, catégoriquement négative ! En cause, tous les clichés, du genre « tout se passe bien malgré la situation actuelle » et du type « jamais à court d’idée dans l’adversité », sont bel et bien présents et fortement appuyés pour essayer de nous convaincre, du moins de nous persuader et même de nous faire admettre que cela est (ou plutôt sera) possible un jour ! On peut certes aisément l’imaginer dans plusieurs années voire quelques décennies mais nous ne serons certainement plus là pour le voir. En attendant et pour l’instant, il faut se rendre à l’évidence : les américains, qui se laissent facilement berner par tant de débrouillardise inspirée et d’héroïsme à la clé (ce sont bien eux qui ont inventé la célèbre série télévisée MacGyver diffusée dans les années 80 !), ont plébiscité ce scénario de science-fiction adapté du roman d’Andy Weir (qui sort aux éditions Bragelonne/Thriller), d’ailleurs au même titre qu’ils ont adoré celui véritable cette fois-ci, survenue le 13 avril 1970 et relatée dans le film Apollo 13 de Ron Howard avec Tom Hanks qui est sorti en 1995, sur le fameux « problème » apparu après l’explosion d’un réservoir d’oxygène sur ce vaisseau à plus de 200.000 miles de la Terre. Ici, notre homme est perdu dans un « désert » à plus de 220 millions de km de chez lui et ne peut compter que sur lui-même pour survivre. « Seul au monde » - pour ne pas dire seul sur la planète rouge ! -, exactement comme Tom Hanks (encore lui !) sur son île sauvage dans le film du même nom réalisé par Robert Zemeckis en 2001 qui comporte un certain nombre de similitudes avec celui-ci : même style d’orage violent qui éclate, même situation d’être livré à soi-même dans un endroit isolé tel un Robinson de l’espace, mêmes tentatives d’(dés)espérer être secouru, mêmes ressources utilisées – toute proportion gardée ! – pour s’acclimater dans un environnement inhospitalier tout en surmontant l’épreuve terrible de la solitude, même temps passé à s’adapter tant bien que mal, jusqu’à l’affiche très ressemblante avec le même cadrage l’une comme l’autre ! A partir de ce constat, tout semble possible avec une facilité déconcertante, d’autant que notre « martien », aussi peu stressé, tendu et anxieux que vous et moi (et surtout chez tous ceux qui, culpabilisant légèrement, vont tenter de le ramener en vie), n’est pas seulement botaniste mais sait tout faire – réparer, démonter, assembler, même cultiver sur un sol où rien n(‘est)e (sensé) pousse(r) ! -. Comment voulez-vous qu’on est envie d’entrer dans cette aventure prévisible à l’américaine où l’on connaît déjà la fin, même si elle est différente du livre ? Seuls les moyens d’arriver à s’en sortir coûte que coûte sont intéressants, bien que parfois un peu trop techniques limite trop scientifiques et exécutés parfois rapidement (d’où les accélérations d’images) ! Il n’y a pas d’intrigue ou si peu, sachant que Matt Damon (abonné aux films de cet acabit tels que L’Agence et dernièrement Elysium), omniprésent à l’écran pendant 2h15 au profit de ses autres camarades assez furtifs et plus présents lors des 20 dernières minutes, va réussir courageusement et haut la main son odyssée, « projet immense et magnifique », tout en déjouant les rares incidents qui pourraient venir empêcher ce « naufragé » de réussir sa « noble » tâche. Dans cette « cause plus grande que lui », il faut remarquer que la coopération spatiale avec les chinois y est pour beaucoup, permettant ainsi d’aider à renforcer encore plus des liens forts déjà bien engagés avec eux, aussi bien politiquement qu’économiquement parlant. Toujours obsédé par la science-fiction – Blade runner – et surtout les missions dans l’Espace (souvenez-vous d’Alien : le 8ème passager et de Prometheus qui se déroulait déjà sur une planète lointaine, elle aussi balayée par des tempêtes de sable violentes !), Ridley Scott continue, malgré vent et marée (le semi-échec de sa dernière mise en scène, Exodus kings & gods), à vouloir revenir à ses premières amours – notamment Alien – tout en se basant sur du sérieux avec des faits scientifiques rigoureux et probants, du moins, plausibles et approuvés (merci la collaboration et les conseils de la NASA !). Il y arrive aisément à coup de théories expérimentales et rationnelles, sur fond de paysages jordaniens de toute beauté et d’effets spéciaux souvent réalistes, secousses faciales au décollage en prime, sans pour autant réussir à nous impliquer plus que cela devant cet état de cause futuriste. Reste donc un défi cinématographique certes de taille mais tout en demi teinte, différemment des productions Gravity et Interstellar (où d’ailleurs Matt Damon fait une courte apparition), qui devrait sans doute plaire aux plus grands fans de dépassement de soi, de dominations de la nature et autres aventures humaines...
C.LB
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