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Le pont des espions (sur Canal +)
Sortie
le 27/11/2024
De Steven Spielberg avec Tom Hanks, Eve Hewson, Amy Ryan, Mark Rylance, Alan Alda, Peter McRobbie, Billy Magnussen, Austin Stowell, Domenick Lombardozzi et Mark Rylance
James Donovan, un avocat de Brooklyn qui se retrouve plongé au cœur de la guerre froide lorsque la CIA l’envoie accomplir une mission presque impossible : négocier la libération du pilote d’un avion espion américain U-2 qui a été capturé.
L’acteur Tom Hanks et le réalisateur Steven Spielberg, c’est déjà une grande complicité voire une longue histoire cinématographique, au moins depuis Il faut sauver le soldat Ryan en 1998, puis Arrête-moi si tu peux en 2002 et ensuite Le terminal en 2004, joués par le premier et mis en scène par le second – sans oublier les miniséries télévisées Frères d'armes et Band of brothers: L'enfer du Pacific - ! Ils ont ainsi remportés tous les 2 de prestigieuses distinctions, l’Oscar et le Golden Globe, après leur toute première et néanmoins fructueuse collaboration, chacun dans sa catégorie (Meilleur acteur et Meilleur réalisateur). Il n’en fallait pas plus pour que l’un et l’autre se retrouvent à nouveau dans une production toujours aussi profondément humaine, chère au cinéma défendu par Steven Spielberg. Il s’agit une fois encore d’un scénario inspiré de faits réels, comme l’ont été d’ailleurs la plupart des pitchs tournés par Spielberg, dans lequel Tom Hanks, toujours aussi impeccable même grisonnant, interprète un avocat fidèle à ses principes, aussi confiant que battant, pas très loin d’ailleurs de son rôle de délégué au sens politique aigu, au patriotisme à toute épreuve, à l’attachement viscéral pour les causes dites perdues et prompt à la chute de l'empire soviétique en Afghanistan au début des années 80, dans La guerre selon Charlie Wilson de Mike Nichols sorti en 2007 qui proposait déjà une analyse géopolitique du conflit qui opposait la Russie aux Etats-Unis - et pour lequel Tom Hanks avait reçu un autre Golden Globe -, doublé d’un bon père de famille, qui va se risquer dans une aventure hors-norme ou, du moins, dans une destinée hors du commun. L’image de James Stewart plane encore sur cet acteur « fétiche » qui s’illustre dans des longs métrages généralement bourrés de bons sentiments et remplis d’actes de bravoure. C’est bien le cas ici, d’autant qu’il va faire son « devoir de patriote pour la sécurité de son pays » en allant chercher 2 américains prisonniers chez les russes pendant la guerre froide. Vous n’échapperez donc pas à quelques jugements hostiles assez attifes de la part de ses confrères, médias et autres concitoyens (il est considéré par beaucoup comme un traître pour avoir accepté ou plutôt osé défendre un espion soviétique – joué par le remarquable Mark Rylance, vu notamment dans Blitz, Anonymous et Gunman), longues procédures (avec pas mal de scènes qui se déroulent dans un tribunal) et grandes conversations lors d’âpres négociations d’un côté comme de l’autre de la frontière (bavardages incessants et quelque peu prévisibles à l’appui !), le tout sur fond de chasse aux espions. Et dire que nous devons la dernière monture du script aux frères Coen qui signent leur première contribution avec le papa d’E.T. ! Ne vous attendez donc pas à un film d’action mais plutôt à un thriller dramatique, mâtiné de « braves » leçons de morale en bonne et due forme et, surtout, de « diplomaties » intrigantes à travers un « échange équitable » - donnant-donnant - dans cette fameuse « guerre de l’information » paranoïaque où tout devait être vérifié, épluché, décortiqué, recoupé, bref, où on ne sait franchement pas à qui faire confiance. Steven Spielberg n’a pas mégoté sur les longueurs (presque 2h30 de pellicules tout de même !) ni sur cette manière de poser sa caméra pour bien s’imprégner des ambiances minutieusement décrites (d’où une belle reconstitution d’une époque révolue !), et encore moins sur cette « Allemagne » - de l’est comme de l’ouest - (la 2ème partie du film qui se déroule à Berlin a été en partie filmée sur place !) et surtout sur certaines périodes bien précises de son Histoire qui semblent le hanter narrativement parlant (sujet de prédilection oblige, au moins depuis Les aventuriers de l’arche perdue, L’empire du soleil, La liste de Schindler et Munich, si ce n’est plus !). Quoi qu’il en soit, il est assez intéressant de voir à l’écran les corrélations à la fois militaires et économiques, ainsi que les répercutions et les manières de faire de chaque côté de ses 2 nations lors d’interventions assez particulières, qui ont pu exister entre ses 2 énormes puissances pendant une période tendue disons plutôt « chaude » question paix mondiale...
C.LB
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