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The revenant (sur Canal + Grand Ecran)

Sortie  le  19/12/2024  

De Alejandro Gonzàlez Inarritu avec Leonardo DiCaprio, Tom Hardy, Domhnall Gleeson, Will Poulter, Paul Anderson, Lukas Haas, Kristoffer Joner et Brendan Letcher


Dans une Amérique profondément sauvage, Hugh Glass, un trappeur, est attaqué par un ours et grièvement blessé. Abandonné par ses équipiers, il est laissé pour mort. Mais Glass refuse de mourir. Seul, armé de sa volonté et porté par l’amour qu’il voue à sa femme et à leur fils, Glass entreprend un voyage de plus de 300 km dans un environnement hostile, - un hiver brutal et des tribus guerrières, dans une inexorable lutte pour sa survie, portée par un intense désir de vengeance - sur la piste de l’homme qui l’a trahi. Sa soif de vengeance va se transformer en une lutte héroïque pour braver tous les obstacles, revenir chez lui et trouver la rédemption.

Waouh, quelle claque ! Oubliez tout ce que vous avez déjà vu sur les westerns dit traditionnels, du style à la John Wayne, et autres plus ou moins conventionnels : cette fois, c’est du lourd, du costaud, du glacial, du coriace, du très violent même, du bien âpre, du brut de forme, du sans concession, bref, de l’hyper-réalisme à fleur de peau, de l’authentique dans toute sa splendeur (tourné dans des régions incroyables, de toute beauté !) mais aussi dans toute sa barbarie (ça crache, ça bave, ça griffe, ça mord, ça saigne et ça tue abondamment !), à travers le portrait d’une Amérique du Nord pas encore complètement civilisée, peuplée d’indigènes, de chasseurs et de mercenaires qui subsistent tant bien que mal dans des contrées certes majestueuses mais inhospitalières, aux conditions climatiques hostiles et pas toujours clémentes. En un mot, on a son lot d’émotions à travers presque 2h30 de souffrance !
En effet, nous sommes plongés ici dans l’Ouest des Etats-Unis en 1822, où la nature souveraine reprend implacablement ses droits et cela à n’importe que moment, où les chances de survie semblent très minces pour ceux qui osent s’y aventurer sans être réellement capables de s’acclimater, où seuls des trappeurs, éclaireurs et pisteurs arrivent à se frayer un chemin en traquant des bêtes sauvages afin de pouvoir revendre leurs peaux, sans subir le courroux d’indiens souvent mal lunés. C’est l’aventure épique ou plutôt chaotique, aussi mouvementée que désespérée, d’un homme grièvement blessé qui, par désir de vengeance bien chevillé au corps (et le sien est particulièrement meurtri, voire pourri après un combat on ne peut plus féroce avec un ours, scène impressionnante de véracité !), s’accroche à la vie par tous les moyens existants, malgré les très nombreux obstacles qui s’amoncellent devant lui, afin de retrouver ceux qui l’ont laissé pour mort.
Si le scénario, qui pourrait se résumer en quelques lignes (c’est néanmoins l’adaptation du roman du même nom de Michael Punke), donne l’impression d’avoir été déjà vu et revu à maintes reprises (on pense entre autres au film Le convoi sauvage réalisé par Richard C. Sarafian et sorti en 1971), il ne faut surtout pas dénigrer le travail minutieux qui a été apporté à cette production certes complexe et ambitieuse (un budget de 135 millions de dollars) mais réussie en tout point, ni sur la présence époustouflante d’un acteur profondément charismatique en la personne de Leonardo DiCaprio, totalement – et salement - habité par son rôle de survivant ou, si vous préférez, de « revenant », et encore moins sur la participation du metteur en scène Alejandro Gonzàlez Inarritu (21 grammes ; Babel ; Biutiful), complètement investi par son œuvre entièrement tournée à la lumière réelle afin d’accentuer le réalisme des scènes, d’une très grande force autant visuelle que psychologique, à la fois contemplative avec des plans léchés et esthétisants à souhait aux lents mouvements de caméra tournants réalisés au plus près des personnages comme de l’action et du danger, un peu en référence à Terence Malick (dont un long plan-séquence inédit en ouverture qui frise le génie), que mystique avec des flash-back spirituels, poétiques et ésotériques au possible.
Peu de dialogues ni franchement de cas de conscience ici : en revanche, beaucoup de musiques sublimes – celles composées par l’illustre Ryuichi Sakamoto (on lui doit notamment les BO de Furyo, Le dernier Empereur, Un thé au Sahara, Talons aiguilles, Little Buddha, Tabou et Femme fatale), une histoire de survie animée par une vengeance viscérale « qui n’appartient pas qu’à Dieu » et un résultat totalement immersif et parfaitement vertigineux, orchestré sans aucune minute de répit narrative, l’ensemble dans un tout autre registre – et expérience - que la dernière réalisation d’Alejandro Gonzàlez Inarritu, le fameux Birdman, consacrée par plusieurs Oscars reçus en 2015. D’ailleurs, ce tout dernier long métrage unique et on ne peut plus performant, limite éprouvant, ne se fait pas attendre dans la course aux prix et commence déjà à prendre la même trajectoire que le précédent avec les nouvelles récompenses glanées tout récemment aux Golden Globes, preuve irréfutable de son futur succès, quasi assuré de ne pas repartir bredouille aux prochains Oscars !

C.LB



 
 
 
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