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Paranoïa

Sortie  le  11/07/2018  

De Steven Soderbergh avec Claire Foy, Joshua Leonard, Amy Irving, Jay Pharoah, Juno Temple, Aimée Mullins et Erin Wilhelmi


Une jeune femme, convaincue d’être harcelée, est enfermée contre son gré dans une institution psychiatrique. Alors même qu’elle tente de convaincre tout le monde qu’elle est en danger, elle commence à se demander si sa peur est fondée ou le fruit de son imagination …

Ce qui frappe toute de suite notre esprit et nous saute aux yeux - et cela dès le début jusqu’à la fin -, c’est l’utilisation d’un iPhone pour tourner l’intégralité de ce film, rendant l’image d’une qualité singulière, légèrement déformée genre un peu grand angle, presque gênante à force. Et ce procédé au format peu glamour, pas très impressionnant, voire quelque peu « réducteur » sur les bords par moment, arrive à enlever chez nous tout aspect de tension, d’inquiétude, d’angoisse, de panique et même de frayeur (à part un rapide tremblement de la « caméra » pour donner l’impression d’un petit effet spécial lors d’un semblant de stress du protagoniste principal alors que « sa vie lui échappe »), d’autant plus que, comble de l’ironie, nous sommes plongé cette fois dans un thriller !
Donc, au lieu de vibrer et/ou de frémir devant les tentatives d’enfermement pour ne pas dire d’internement et aussi d’harcèlement d’une jeune femme certes névrosée (on la diagnostique dangereuse aussi bien pour elle-même que pour autrui) mais contre son gré (bien que, sur ce point-là, on a des doutes puisque très « coopérative avec les docteurs, elle signe des papiers – « juste la routine ! » - sans les lire avant alors qu’elle semble être un être sensé, responsable, réfléchi, dirigiste et dur), on commence à ne pas trouver totalement crédible ni complètement vraie cette histoire de « rester en observation », pardon, de séquestration soi-disant « thérapeutique » pour une simple question d’arnaque à l’assurance (un peu gros ce moyen de te garder hospitalisé pour uniquement des raisons de profit mais bon, pourquoi pas !), dans des conditions de « détention » pas vraiment réglementaires (drôle de chambrée, plus proche d’un dortoir installé à la va-vite dans une grande salle du style bureau, où les femmes et les hommes sont mélangés !) ni aux normes (on n’est plus au temps de Vol au dessus d’un nid de coucou, même si un rapide clin d’œil apparaît furtivement ici !), de plus droguée et attachée (on lui conseille de « faire profil bas et de tirer sa peine » comme si elle était en prison !) avant d’aller encore plus loin (référence à Misery, obsession doublée d’une fixette obligent !).
Bref, tous ces détails parfois faciles, prévisibles, énormes ou absurdes – un pitch un tant soit peu rapidement bâclé ! - sont néanmoins l’œuvre du réalisateur Steven Soderbergh (Ocean’s 11, 12 & 13 ; Erin Brockovich ; Solaris ; Che - 1ère et 2ème parties ; Contagion ; Magic Mike ; Logan lucky) qui avait pourtant décidé d’arrêter de filmer pour le cinéma et qui manie toujours bien la vidéo dite « amateur » (souvenez-vous de Sexe, mensonges et vidéo !). Quoi qu’il en soit, il ressort de ce jeu de manipulation anxiogène nuancé (surtout dans son montage), un besoin de prouver que l’on peut faire un genre polar horrifique sans beaucoup de moyens (budget tout riquiqui), ni de grandes vedettes (Claire Foy, vue notamment dans Vampire academy, Tle lady in the van, et Breathe, ainsi que Joshua Leonard, aperçu dans Le projet Blair Witch, Les chemins de la dignité, Mission et la série télévisée Bones, qui s’en sortent plutôt bien), et encore moins avec des vraisemblances narratives terrifiantes (il faut se contenter de croire ou non aux rares remises en cause de cette « folle » à la santé mentale « fragile » !) ou bien impressionnantes (comment son « prédateur » se retrouve-t’il à travailler justement dans le centre psychiatrique dont elle vient à peine de pousser la porte ?). Vaste interrogation ! « Affaire à suivre » ou alors à classer...

C.LB



 
 
 
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