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Darkest minds : rébellion

Sortie  le  08/08/2018  

De Jennifer Yuh Nelson avec Harris Dickinson, Amanda Stenberg, Miya Cech, Patrick Gibson, Gwendoline Christie, Mandy Moore et Skylan Brooks


Dans un futur proche, les adolescents ont été décimés par un virus inconnu. Les survivants, dotés de pouvoirs psychiques incontrôlables, sont classés par couleur en fonction du danger qu’ils représentent pour la société, et parqués dans des camps. Ruby, l’une des plus puissantes d’entre eux, parvient à s’en échapper pour rejoindre un groupe de jeunes en fuite à la recherche d’un refuge. Rapidement, cette nouvelle « famille » réalise que fuir ne suffira pas dans un monde où les adultes au pouvoir les ont trahis. Ils vont mener une puissante rébellion, unissant leurs pouvoirs pour reprendre le contrôle de leur avenir.

Il semble bien que la plupart des grands studios de cinéma américains se mettent à investir et à développer des projets ayant traits à des sujets destinés à une cible bien précise, à des ados principalement, en quête d’histoires de science-fiction plus ou moins fantastiques - avec ou sans pouvoirs - et de scénarios dit d’anticipation, certes avec des personnages auxquels ils peuvent s’identifier - des jeunes dotés parfois de compétences plutôt incroyables, autant physiques qu’intellectuelles - mais sans avoir besoin forcément pour cela d’avoir recours aux « facultés » des super-héros en combinaison et cagoulés du style de ceux vus chez Marvel. Ayant en grande partie déjà « épuisé » à l’écran les plus (re)connus parmi ces derniers (Iron-Man, Captain America, X-Men, Thor, les Avengers...), ils font place dorénavant à une nouvelle génération de « héros » plus proches de nos chères « têtes blondes », des enfants entre 12 et 18 ans capables d’exploits extraordinaires, mais sans réelles « attributions » ou dons particuliers à chaque fois (ne sachant pas toujours bien les maîtriser d’ailleurs !), tout en possédant un profil standard semblable à n’importe lequel d’entre eux.
Malheureusement, à force de tirer sur la corde de ces pitch souvent adaptés de best-sellers de la littérature SF ou de romans jeunesse « cultes » du genre, ils commencent à se copier les uns les autres et faire un peu tous la même chose avec, à la clé, parfois des succès, parfois des échecs. Si ça fut une réussite pour des franchises de « teens movies » du style Le monde de Namia, Hunger games et Le labyrinthe, ce fut moins le cas pour la saga Divergente, Le 7ème fils, The giver, Les âmes vagabondes, et La 5ème vague (on attend encore la suite du 1er volet de certains !). Et face à ces titres, on se rend bien compte que ce « Darkest minds », tiré lui aussi d’un livre, n’a rien inventé de nouveau ni d’original et encore moins de transcendant. Il est toujours question d’un futur sombre où des adolescents, survivants et angoissés, sont parqués dans des camps par un gouvernement en place qui les considère menaçant et emploie des mesures radicales en les emprisonnant, en les utilisant et en les contrôlant, et où un être seul contre tous – sans famille, sans repère et sans proche (ou presque) – va tenter de s’échapper afin de lutter pour une cause juste et changer le cours des choses (exactement comme dans The last girl – celle qui a tous les dons). Les protagonistes sont stéréotypés d’avance et formatés à outrance – la belle mais frêle ingénue, le beau gosse courageux, l’intello lunetteux et « comique » de service, la discrète un peu spéciale (ici, muette), le méchant « blond » au sourire enjôleur, la méchante « chasseuse de primes » plutôt grotesque en blouson de cuir et « folle du, pardon, au volant » façon Mad Max - ; les décors à peu près les mêmes (notamment l’épicerie du poste à essence au début qui semble avoir servi dans La 5ème vague) sur fond d’un semblant de rues désertiques ; les accessoires également (les avions de La Ligue sont pareils à ceux aperçus dans Avatar !).
En ce qui concerne les « pouvoirs » dits « graves » ou dangereux, c’est du pareil au même entre la possibilité de manipuler autrui par le toucher, de dégager de l’électricité, de lire dans les pensées de l’autre, ou bien de faire léviter et déplacer les éléments. Enfin, côté discours, les propos, le plus souvent autour de la « famille recomposée » (pour ne pas rester « alone ») et d’un monde meilleur (petite touche écolo dans le campement des évadés), sont aussi douceâtres, mielleux et romantiques (de l’émotion à l’eau de rose !) d’une production comme celle-ci à l’autre. Et pour ce qui est de la musique, une BO parfaitement cliché entre chansons pop FM et morceaux délicats avec trémolo. Cette récurrence ambiante – et omniprésente - finit par lasser, d’autant que l’atmosphère est on ne peut plus caricaturale, respirant le faux, l’artificiel et l’aseptisé à plein nez. Bref, ce énième long métrage arrive un peu après la bataille, manquant sacrément d’intrigues et de rebondissements pour nous en mettre plein la vue (on verra bien, s’il y en a d’autres bien sûr, dans les prochains chapitres !).....

P.S. : Pour les amateurs, la trilogie littéraire originale d’Alexandra Bracken est disponible depuis le 12 juillet en librairie...

C.LB



 
 
 
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