Wine calling – le vin se lève

Sortie  le  17/10/2018  

De Bruno Sauvard avec des vignerons

Depuis une dizaine d'années, le monde du vin est en pleine effervescence, bousculé par une contre-culture comme le rock a pu l'être par le punk en son temps. Un peu partout en France et plus particulièrement en Occitanie, de joyeux rebelles ont investi nos terroirs pour inventer le vin qu'ils aiment : naturel et sans artifice.
Bien plus qu'un vin bio, c'est un vin d'émotion et de réaction, un vin qu'aucun label ne régit, un vin libre.
Wine Calling part à la rencontre de ces nouveaux vignerons qui réinventent notre rapport au vivant. Ces hommes et ces femmes préfigurent une agriculture paysanne en mouvement.
Solidaire, éthique, festive, une nouvelle utopie émerge de nos coteaux, explorons-la !

Oubliez un peu tout – enfin, presque ! - ce que vous connaissez déjà du vin traditionnel et penchez-vous plutôt sur ce vin « 100% » nature qui nous vient en grande partie du Languedoc-Roussillon, de cette région de France où la culture vinicole dit d’un nouveau genre – bien qu’existante depuis l’Antiquité ! – s’est développée mais est encore mal connue, autant de nos palais que de nos habitudes d’ailleurs. Un vin sans produits, c’est-à-dire sans souffre – juste naturel -, sans collage – ou, si vous préférez, sans filtrage -, sans levure et sans manipulation, bref, assez voire très différent de celui qu’on a l’habitude d’acheter et donc de boire. Si la qualité s’en ressent – c’est un vin fragile, donc parfois plus âpre au goût, avec des défauts comme plus de dépôt en cul de bouteille), il a au moins le mérite d’exister, d’exploser en bouche et aussi d’explorer de nouvelles sensations gustatives.
Pour se faire, une bande de jeunes et néo-vignerons dont la plupart, venue d’un autre milieu professionnel, n’y entendait rien ou pas grand-chose avant, ont décidé de se réunir en collectif, rassemblant leur force à plusieurs, puisque manquant d’expériences, prenant des risques pour exploiter au mieux ces terres, pour certaines héritées, afin d’en extraire ce « nectar » si précieux. Pourtant, jamais avares d’énergie ni de concentration, ils se sont adaptés au mieux, malgré leurs doutes permanents, à ce nouveau mode de vie, devenant responsables de domaines parfois très vastes, toujours prêts à s’entraider les uns les autres, autant pour la récolte que pour la fermentation, autant pour l’assemblage que pour la macération, autant pour la mise en bouteille que pour la boire entre eux juste après !
Ayant tous la même vision, ils nous font découvrir leur choix de vie, partageant leur passion pour ne pas dire leur amour de la vigne (« elle se nourrie de ses propres sols organiques ») comme celui de cette existence saine - et « en famille » -, dans une ambiance heureuse, conviviale, sympathique, décontractée, « cool » quoi ! Et l’on voit tout cela à l’écran, avec un ton enjoué et vif sur fond d’une BO tour à tour blues, reggae, rock et même punk (le titre est emprunté au titre London calling des Clash), sans que cela donne l’impression d’être trop appuyé genre pédagogique, trop souligné style explicatif ou bien trop exagéré du type démonstratif, le tout dans la joie et la bonne humeur.
Fainéants, eux ? Ils se battent pour faire un vin nature qu’ils aiment (« 12 années de culture du pinard dont 10 avant de sortir la tête de l’eau ! ») et qu’ils respectent (« on ne salit ni la terre ni les gens ! »), un vin « vivant » et libre comme eux et la région où ils se sont installés ! En résumé, après avoir vu ce documentaire aussi riche que ces protagonistes, vous aurez vous aussi sans aucun doute envie d’en faire autant, c’est quasiment sûr...

C.LB