en 
 
 
cinema

 
 

Mon cher enfant

Sortie  le  14/11/2018  

De Mohamed Ben Attia avec Mohamed Dhrif, Mouna Mejri, Zakaria Ben Ayed, Jacob Tremblay, Sterling K. Brown, Keegan-Michael Key, Yvonne Strahovski, Alfie Allen, Imen Cherif, Taylan Mintas et Tarik Copti


Riadh s’apprête à prendre sa retraite de cariste au port de Tunis. Avec Nazli, il forme un couple uni autour de Sami, leur fils unique qui s’apprête à passer le bac. Les migraines répétées de Sami inquiètent ses parents. Au moment où Riadh pense que son fils va mieux, celui-ci disparaît.

Ce n’est pas tous les jours que nous avons la chance de voir un film tunisien – réalisé et scénarisé par Mohamed Ben Attia - et, de plus, coproduit par la France (Tanit Films) ainsi que la Belgique via la maison de production de Jean-Pierre et Luc Dardenne, Les Films du Fleuve, déjà présent sur Heidi, un vent de liberté, le précédent et 1er long métrage du metteur en scène. D’ailleurs, comment ne pas retrouver certaines similitudes avec ces 2 frères belges en pensant notamment à l’une de leurs réalisations intitulée L’enfant, Palme d’Or à Cannes en 2005, de par son titre proche de celui-ci, son tournage en décors naturels, sa mise en scène on ne peut plus réaliste dans un contexte plutôt dramatique, et de par la manière d’utiliser une caméra de façon pudique à travers une suite de plans séquences ?
Toute l’histoire se concentre uniquement sur les réactions de ce père abattu comme éprouvé mais décidé (joué par l’excellent et poignant Mohamed Dhrif, vu entre autres dans L’homme de cendres, omniprésent à l’écran pendant 1h45 et qui a des petits airs d’Omar Sharif vieux), autour de son boulot, de son existence tranquille en famille (« qui se suffit à elle-même ») et de son rôle de paternel, lui qui a bien du mal à accepter, du moins à comprendre le départ soudain et sans aucun motif apparent de son fils (interprété par Zakaria Ben Ayed), parti rejoindre la Syrie. Quels que soient les raisons, ce qui est important voire primordial et dépeint ici, c’est le point de vue de cet homme âgé, avec une réelle douleur, une certaine gravité et une grande souffrance ambiantes, partagé entre son conflit intérieur qu’il garde pour lui et son besoin de savoir, de partir à la recherche de cet enfant à la santé précaire, à l’air aussi fragile que tendu, taciturne comme étouffé, peu bavard et stressé, limite dépressif. Les seconds rôles ne sont pas en reste non plus, que ce soit celui de la mère quelque peu anéantie ou celui de l’amie/confidente du père.
Le ramera-t’il lors de son périple d’abord en Turquie puis en Syrie ? Là n’est pas la finalité de ce script qui tend plus vers l’acceptation définitif que l’éternel questionnement, bien obligé de se rendre à l’évidence qu’il a bel et bien perdu son fils (pour qui il voulait seulement « son bonheur ») et cela malgré toutes les démarches entreprises. Un chemin de croix magnifiquement mis en œuvre à travers cette prestation tout en densité psychologique, en sobriété physique et en retenue émotionnelle, sans jamais forcer le trait ni jouer la carte du drame à tout prix, avec un minimum d’effets loin de l’exercice de style...

C.LB



 
 
 
                                                      cinema - theatre - musique