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Under the Silver Lake

Sortie  le  12/12/2018   chez Le Pacte vidéo (DVD, Blu-Ray et VOD)

De David Robert Mitchell avec Andrew Garfield, Riley Keough, Topher Grace, Callie Hernandez, Don McManus, Jeremy Bobb, Riki Lindhome et Zosia Mamet


À Los Angeles, Sam, 33 ans, sans emploi, rêve de célébrité. Lorsque Sarah, une jeune et énigmatique voisine, se volatilise brusquement, Sam se lance à sa recherche et entreprend alors une enquête obsessionnelle surréaliste à travers la ville. Elle le fera plonger jusque dans les profondeurs les plus ténébreuses de la Cité des Anges, où il devra élucider disparitions et meurtres mystérieux sur fond de scandales et de conspirations.

La 1ère chose qui nous frappe ou, du moins, qui nous vient à l’esprit, c’est le vibrant hommage non déguisé que le réalisateur David Robert Mitchell (It follows) a voulu rendre au cinéma d’antan (gros clin d’œil à des films en noir & blanc, muets ou non, et même à Marilyn Monroe dans une piscine, tiré de son dernier tournage en 1962, Something’s got to give), tout spécialement à celui d’Alfred Hitchcock et cela à travers un plan furtif de sa tombe et, bien évidemment, une BO très inspirée de celle de son compositeur attitré, Bernard Hermann. Des ambiances classiques plus ou moins emportées, tour à tour étranges, inquiétantes, sombres, angoissantes, terribles et mystérieuses, qui rehaussent des plans barrés (un écureuil qui s’écrase par terre et tente de se relever), des angles disproportionnés (en voiture), des travellings accélérés (entre autres dans une librairie), et un acteur principal qui a des petits airs timides et maladroits d’Anthony Perkins jeune dans Psychose ! Bref, de quoi se baigner dans une atmosphère du maître mais à la sauce moderne !
Loin d’être nostalgique du temps jadis, ce thriller est plutôt porté sur notre époque où le fait de se montrer nu (une voisine en topless ; une ombre dénudée) et de parler crûment de sexe comme de masturbation (d’ailleurs, il joint le geste à la parole) n’a plus ce côté ultra-provocant ni hyper-sulfureux que l’on a (encore) connu il n’y a pas si longtemps que cela. Le passé a laissé place à un discours plus relâché (« tu veux baiser ? ») et à des images plus hallucinées (des cauchemars « épouvantables » dont certains tout en animation), sur fond de messages subliminaux cachés, de codes secrets et autres signes particuliers, ainsi que de complots ourdis par une puissante minorité (mé)connue. De quoi rendre n’importe qui un peu zinzin comme notre protagoniste principal, interprété par le talentueux et expressif Andrew Garfield (vu dans Never let me go, The social network, The amazing Spider-Man 1 & 2, Tu ne tueras point, Silence et Breathe). Il tient presque à lui tout seul ce long métrage à suspense de 2h20 qui sort quelque peu des sentiers « cinématographiques » battus.
Si on n’est pas loin parfois d’un trip crade, macabre et psychédélique, ce film noir dénonce ici et là un Hollywood suave, loufoque, malsain et parano (allusions non freinées aux délires de persécution du génial producteur et compositeur de musique pop/rock, Phil Spector !), écornant au passage le mythe de la star(lette) en devenir (plutôt devenue une « escort-girl, pardon, star » !), accompagné de soirées plus incroyables les unes que les autres dans des lieux inattendus, aussi hétéroclites qu’extravagants. N’empêche que l’esthétisme et la photo sont des atouts non-négligeables à travers cette peinture novatrice, aussi pointue de la pop-culture U.S. que surprenante, certes rêvée mais quelque peu « tarée » sur les bords, de l’Amérique iconisée actuelle, entre excès, dérives et débordements divers ! Après cela, il est sans (aucun) doute normal que notre monde ne tourne pas, voire plus si rond que cela...

C.LB



 
 
 
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