en 
 
 
cinema

 
 

On ment toujours à ceux qu’on aime

Sortie  le  06/02/2019  

De Sandrine Dumas avec Monia Chokri, Jérémie Elkaïm, Fionnula Flanagan et Marthe Keller


Après avoir sabordé sa carrière de chanteuse, Jewell Stone vit à Paris d’un boulot de serveuse. Marie, sa grand-mère et unique famille, qui vit dans le Vermont, USA, débarque du jour au lendemain pour la voir. Mais comment l’accueillir quand Jewell lui raconte depuis si longtemps des bobards sur sa vie, son travail et ses amours ? D’une lettre à l’autre, elle s’est inventée une carrière qui marche, une vie avec Paul, et même une fille, Ruby. Mais comme dit un proverbe italien, le mensonge a les jambes courtes !

Il suffit parfois d’un simple grain de sable pour enrayer un mécanisme minutieusement monté et huilé ou, si vous préférez, pour chambouler tout ce que vous aviez savamment élaboré et construit, souvent de toute pièce, voire même dans la précipitation et ne tenant parfois qu’à un fil (...à la patte !), afin de vous cacher derrière un paravent en inventant par exemple un monde qui n’est pas toujours le vôtre. C’est ce que vit notre héroïne ici qui, face à un imprévu de derrière minute et acculée après pas mal de mensonges, échafaude un plan un peu fou limite dingue dans lequel elle va entrainer les autres dans l’espoir que cela marchera et que chacun n’y verra que du feu (à ce sujet, tout est presque dit dans le titre du film qui est on ne peut plus explicite !).
Et c’est justement ce qu’interprète à la perfection l’actrice québécoise Monia Chokri (vue notamment dans L’âge des ténèbres, Les amours imaginaires, Laurence anyways, Gare du Nord, Réparer les vivants et Les affamés),, une femme pas loin pour ne pas dire au bord de la crise de nerfs, une menteuse doublée d’une mythomane aux cheveux violets et au décolleté généreux, jamais en place (elle cherche par tous les moyens à sauver sa peau, du moins, sa mise), gesticulant à tout va (elle est plutôt énervée et speedée), courant tout le temps et dans tous les sens (vampirisant presque tout le reste du casting, Marthe Keller comprise, elle qui se fait trop rare sur nos écrans comme celui-ci !), afin d’éviter le clache en priant pour que la vérité n’éclate pas au grand jour.
Inévitablement et dans pareille situation, on se doute bien que le pot aux roses sera forcément découvert à un moment ou à un autre mais on a envie de voir comment elle brode un peu beaucoup (« c’est pas grave ! »), de savoir comment elle s’y prend pour raconter ses salades, ses « trucs foireux » le plus naturellement du monde (« c’est un petit peu compliqué ! ») et, surtout, d’imaginer comment elle va réagir et essayer de s’en sortir devant tant de quiproquos, d’affabulations et autres boniments plus gros qu’elle. Ca en devient d’ailleurs assez comique lorsqu’elle tente d’arranger les choses à sa sauce plus ou moins délirante (« t’arrêtes tes conneries ? ») !
Là-dessus, il suffit de rajouter un voyage entre retrouvailles, explications et réconciliations dites familiales (même si elle ment comme elle respire, d’un mensonge peut naître parfois quelque chose de positif !), ainsi qu’une BO éclectique et branchée (Soft Cell, Roy Orbison...) et le « tour est joué », entre comédie et road-movie, à la fois léger et profond, tendre et décapant, attachant et drôle, décontracté et imprévisible, voire insaisissable comme son personnage principale, plus vraie que nature !

C.LB



 
 
 
                                                      cinema - theatre - musique