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Menocchio

Sortie  le  17/04/2019  

De Alberto Fasulo avec Marcello Martini, Maurizio Fanin, Carlo Baldracchi et Nilla Patrizio


Italie. Fin du XVIème siècle. Menocchio, meunier têtu et autodidacte d’un petit village perdu des montagnes du Frioul est accusé d’hérésie pour avoir défendu ses idéaux de pauvreté et d’amour. Menocchio raconte le combat d’un homme contre le pouvoir en place.

Et ce fameux pouvoir tout puissant, c’est l’église qui le détient à l’époque, omniprésente dans quasiment toutes les grandes décisions, s’évertuant à imposer sa foi et ses lois un peu partout, tout en faisant régner une certaine rigueur disciplinaire très proche de l’inquisition. Soit vous étiez d’accord avec les dogmes religieux en vigueur et tout se passait plus ou moins bien, soit vous ne l’étiez pas – il suffisait souvent de pas grand-chose d’ailleurs pour être accusé ! - et vous étiez soupçonné d’hérésie, enfermé dans un cachot tout moisi et sans lumière, puis purement et simplement torturé avant d’être brûlé vif sur un bûcher !
Ici, c’est un paysan analphabète qui ne croit pas notamment que la Vierge Marie ait pu concevoir Jésus, fils de Dieu, sans commettre de pêché et l’église catholique à cette période n’admettait voire ne supportait pas qu’on la contredise ! Alors, comment voulez-vous que l’on s’y retrouve quand on a une âme « bien pensante », de l’imagination à revendre, des « drôles » d’idées et qu’on les partage avec une partie de votre communauté ? Sacrilège, c’est signe d’endoctrinement passible de procès, de coups de fouet et de punition suprême : oh, dur dur ! Bref, vous l’avez compris, les problèmes de foi et autres croyances ne peuvent pas être partagés avec tout le monde, loin de là !
Constamment filmée caméra à la main au plus près des acteurs – qui ont de ces visages aussi singuliers qu’expressifs comme ayant vécu une histoire, des « gueules » burinés par le temps ! -, sans aucun véritable panoramique (ou si rare) et seulement « illuminée », pardon, éclairée à la lumière du jour ou alors à la lueur d’une bougie (façon Stanley Kubrick dans Barry Lyndon), cette production dramatique d’Alberto Fasulo (TIR) ressemble à une suite de tableaux d’antan (tels que ceux réalisés par Bruegel), tournée dans des lieux à la fois épurés et incongrus comme surgissant du passé (on pense au film Le nom de la rose) et jouée avec sobriété par un casting « inspiré » (dans tous les sens du terme).
On regrettera juste qu’une réelle lenteur narrative s’installe indéniablement dès les premières minutes (entre les témoignages, les allers retours en prison et le procès) et continue ainsi 1h45 ! Un sujet certes difficile à mettre en scène mais qui aurait sans aucun « doute » (possible cette fois !) gagné en densité si la nonchalance ne s’installait pas inexorablement chez nous, que l’on soit hérétique non-repenti ou pas !

C.LB



 
 
 
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