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Ray & Liz

Sortie  le  10/04/2019  

De Richard Billingham avec Justin Salinger, Ella Smith, Patrick Romer, Deirdre Kelly, Richard Ashton, Michelle Bonnard et Sammy Dodds


Banlieue de Birmingham dans les années 80. Ray, Liz et leurs trois enfants se débrouillent tant bien que mal dans une existence déterminée par des facteurs qu’ils ne maîtrisent pas.
Le photographe et cinéaste Richard Billingham retrace en trois souvenirs et trois époques différentes le quotidien tumultueux de sa famille.


Bonjour l’ambiance à la fois merdique et malsaine, voire choquante pour ne pas dire bien trash sur les bords ! Quelle misère ambiante en décrépitude dépeinte ici, où tout est laissé pour contre comme un sentiment d’abandon, autant les différents humains de cette fratrie sans emploie (parents, enfants, proches) que le reste (appartement, nourriture, cigarettes, alcool...) ! Tourné dans une banlieue un peu glauque, tout le film respire la pauvreté, le dégoût, la saleté, le crade, la mocheté, le délabrement, la puanteur, mouches et cafards en prime ! Mais cette production ne cherche nullement à enjoliver quoi que ce soit, loin de là, c’est du vrai, du réaliste, du brut de forme tel que ça a du exister sous le gouvernement Thatcher et ça le revendique haut et fort, images à l’appui : photo assez sombre et peu reluisante, cadrages plutôt assez serrés (au plus près des protagonistes), plans parfois lents, casting tout à fait en concordance, paroles profondes presque inexistantes et mise en scène épurée comme la désuétude montrée d’ailleurs ici.
Il faut juste savoir que tout cela a été la véritable vie du photographe, vidéographe et réalisateur anglais (c’est son 1er long métrage) Richard Billingham lorsqu’il était plus jeune, transposant ses photographies devenues célèbres (certaines sont exposées dans de grands musées américains et anglais), en un film « très » représentatif de sa propre enfance, tel un album de famille intimiste tout en mouvement et jeté en pâture au visage des spectateurs. On a du mal à croire que son existence a été ainsi, « bercé » par le sale caractère de sa mère (formidable Ella Smith, vue notamment dans Kill your friends et The voices) qui se désintéresse totalement de sa progéniture, l’absence du rôle de père de son paternel (sous les traits de Justin Salinger, aperçu entre autres dans Everest et la série Inspecteur Barnaby) corvéable à souhait, la roublardise de son grand frère (Sam Gittins) jamais avare d’une mauvaise blague, et un oncle alcoolo (Tony Way), vent tripotant et dégueulant à souhait.
Vous aurez donc le droit à quelques passages bien « croustillants » à travers des flash-back en hommage aux fameuses « heures de gloire » vécues dans ce « drôle de bercail » à travers un foyer en souffrance, décadent, peu accueillant, pas aimant, isolé de la société depuis leur perte d’emploi et complètement désintéressé par leurs enfants abandonnés, laissés dans une détresse presque totale, libres comme l’air de faire ce qu’ils veulent et, finalement, prêts à accepter d’aller vivre dans une famille d’accueil. On n’est pas loin d’« Affreux, sales et méchants » d’Ettore Scola mais cette fois en version non fictive ! Sans vouloir rentrer dans la controverse facile ni la provocation gratuite, c’est un cinéma-vérité auquel nous sommes conviés, on ne peut plus personnel, un tantinet minimaliste mais en rien expérimental, juste un fragment de tranche de vie comme un cliché iconoclaste d’une histoire familiale, en référence à une vie passée déjà couchée et immortalisée sur papier (ce n’est pas pour rien s’il a déjà remporté plusieurs prix et autres récompenses du type mentions spéciales dans différents festivals)...

C.LB



 
 
 
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