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Numéro Une

Sortie  le  11/10/2017  

De Tonie Marshall avec Emmanuelle Devos, Suzanne Clément, Richard Berry, Sami Frey, Benjamin Biolay, Francine Bergé et Anne Azoulay


Emmanuelle Blachey est une ingénieure brillante et volontaire, qui a gravi les échelons de son entreprise, le géant français de l'énergie, jusqu'au comité exécutif. Un jour, un réseau de femmes d'influence lui propose de l'aider à prendre la tête d'une entreprise du CAC 40. Elle serait la première femme à occuper une telle fonction. Mais dans des sphères encore largement dominées par les hommes, les obstacles d'ordre professionnel et intime se multiplient. La conquête s'annonçait exaltante, mais c'est d'une guerre qu'il s'agit.

La réalisatrice - et actrice - Tonie Marshall nous a souvent habitué à des comédies (Pentimento ; Tontaine et Tonton – avec déjà Emmanuelle Devos dans le rôle principal - ; Passe-passe ; Tu veux ou tu veux pas), ainsi qu’à une romance (Au plus près du Paradis) et même à un drame (Vénus beauté), mais plus rarement à des comédies dramatiques, plutôt à ses débuts lorsqu’elle est passée derrière la caméra (Pas très catholique en 1994 ; Enfants de salaud en 1996). La voilà encore une fois défendant la cause féminine à travers le parcours semé d’embûches d’une mère de famille sollicitée par des femmes qui encouragent, qui « font avancer leur cause et qui veulent donc changer le monde », afin de lui permettre de postuler en tant que dirigeante d’une puissante société.
Tenter de réussir dans un milieu misogyne, où la solidarité masculine est très développée et où les appuis de tout bord, notamment politiques, sont le bienvenu pour ne pas dire nécessaires voire primordiaux, n’est effectivement pas une partie de plaisir ni de tout repos, et le personnage qu’interprète Emmanuelle Devos va l’apprendre plus ou moins à ses dépens. Loin de remettre en cause les véritables qualités humaines que développe et dégage régulièrement cette excellente actrice à l’écran, on a un peu de mal à l’imaginer cette fois en femme de pouvoir « exceptionnelle » (elle ne semble pas débordée, trop décontractée et pas assez « speedée » pour commander !), en futur ( ?) PDG, à tenir tête face à des « requins » aguerris aux techniques de camouflage, aux opérations de séduction, sans oublier aux multiples enjeux stratégiques et autres moyens de corruption considérables, à avoir les reins assez solides pour affronter une horde de femmes comme d’hommes qui convoitent et verrouillent tout en étant prêts à lui couper l’herbe sous le pied à la moindre occasion, d’autant que sa fragilité ici (elle est sortie d’une dépression) et ses contradictions sont remises en cause. Bref, en un mot, il lui manque des compétences, un goût du combat, une part de « niaque », un certain bagout, une envie de réussir (« la transmission du pouvoir se basse sur des valeurs »), sans avoir réellement les épaules pour gagner (est-elle en phase avec ce qu’elle défend ?) et se laissant plutôt flotter tout en « se dépatouillant » au gré des négociations qui se trament autour d’elle !
Face à ce « poulain » en croisade, un casting plutôt éclectique, certes prestigieux (Suzanne Clément – vue dans Laurence anyways, Mommy, Des plans sur la comète, et dernièrement Le sens de la fête - ; Francine Bergé - aperçue dans Une histoire simple, Un crime, Kennedy & moi ; Les rivières pourpres - ; Sami Frey dans une prestation assez succincte) et en devenir (Anne Azoulay – présente dans Tout le plaisir est pour moi, L’exercice de l’Etat, et Bird people -), mais pas toujours à la hauteur (adeptes des coups bas ignobles, Richard Berry en boss « fort, sincère » et déplaisant, suivi de Benjamin Biolay en sous-fifre à l’âme damnée aussi odieux qu’antipathique qui, sans ne rien laisser « soi-disant » paraître, agissent sur tous les fronts de façon immorale sans vraiment le faire apparaître « impliqué » mais plutôt bienveillant à l’image). On doit se résoudre à la simple constatation que cette description d’un environnement douteux au jeu d’influences assez « pourri » et d’un état de fait plein de pratiques, accords et arrangements contestables, à la crédibilité et au réalisme assez flagrants il faut bien le constater (ah, ces grands qui font tourner le monde !), a oublié de mettre du piment, du suspense et du surprenant disons constant (où est le « carnage » annoncé ?) dans son scénario somme toute assez linéaire limite évident quant à sa finalité préméditée et même signalée dès le départ....

C.LB



 
 
 
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