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Tueurs

Sortie  le  06/12/2017  

De François Troukens et Jean-François Hensgens avec Olivier Gourmet, Lubna Azabal, Kevin Janssens, Bouli Lanners, Tibo Vandenborre, Bérénice Baoo et Natacha Régnier


Alors que Frank Valken réalise un casse fabuleux, un commando de tueurs entre en action et exécute tous les témoins. On relève parmi les cadavres celui de la magistrate qui enquête sur l’affaire des Tireurs fous. Trente ans plus tard, ils semblent être de retour. Arrêté en flagrant délit et face à la pression médiatique, Frank n’a d’autre choix que de s’évader pour tenter de prouver son innocence.

Les préparatifs d’un commando de braqueurs, le bon déroulement d’un casse particulièrement expéditif, une action pour le moins énergique, suivie d’une forte déflagration et, au final, d’un massacre assez violent dans les sous-sols d’un parking : ne dirait-on pas du Olivier Marchal genre Gangsters, MR 73 et Les lyonnais, ou alors du Jean-François Richet style Etat des lieux, Ma 6-T va crack-er et Mesrine 1 & 2, ou bien encore du Julien Leclercq type L’assaut, L’affaire SK1 et Braqueurs ? Et bien non, cette fois, c’est du belge et plutôt du bon, du tandem composé de François Troukens (cinéaste, auteur, scénariste, animateur, présentateur, sans oublier ancienne figure du grand banditisme belge et ex-taulard repenti !) et de Jean-François Hensgens (directeur de la photo entre autres sur certains films des frères Dardenne, ainsi que sur Go fast, Banlieue 13 - ultimatum, Dikkenek, Tête de turc, et A perdre la raison), d’un réalisme flagrant surtout dans les scènes de hold-up comme de poursuites, et d’une efficacité rare dans son déroulé narratif, à l’atmosphère tendue voire angoissante et à la bande sonore prenante, parfois électro, bel et bien de circonstance !
Bref, pas de quartier : l’affaire est rondement menée sans trop de lenteur ni de dialogues à la clé, le tout à grands coups de fusillades nourries dans les règles de l’art, de tueries on ne peut plus sanglantes (d’où une interdiction au moins de 12 ans !), de fuites échevelées et de « cadavres exquis », célèbre procédé de mise en scène qui consiste à maquiller un assassinat en un crime anonyme. Et celle qui en fait la première les frais est Natacha Régnier en juge lâchement abattue à peine quelques minutes après son apparition à l’écran. Quant au reste du casting, il fait son job honnêtement sans sourciller, avec la gueule de l’emploi et la crédibilité chevillée au corps, plus vrai les uns que les autres dans leur rôle respectif et sous le feu de l’action, et cela malgré quelques situations pour le moins appuyées. Que ce soit Olivier Gourmet en truand engagé venu « juste taper une banque » et qui va se retrouver plongé dans un traquenard qui le dépasse par l’intermédiaire d’une tuerie qu’on veut lui coller sur le dos, histoire de lui faire porter le chapeau ; Lubna Azabal (Mensonges d’état, Des vents contraires, La marche, Prendre le large et surtout remarquée dans Incendies de Denis Villeneuve) en inspectrice aussi compréhensive que déterminée ; Kevin Janssens (Les Ardennes) en mouchard touché par la repentance au moment de rendre son dernier souffle ; et Bouli Lanners en commissaire très impliqué au sein d’une cellule secrète qui tire les ficelles à travers des manipulations et autres agissements douteux touchant toutes les sphères de l’état, des juges comme des politiques afin d’appliquer, grâce à une terreur soutenue, de plus en plus de lois répressives.
On ne s’ennuie guère pendant les 1h30 que dure ce polar musclé qui parle autant de conspirations que d’infiltrations (la fameuse « stratégie de la tension »), de jeux de dupe que d’indices troublants, de pièges que de luttes de pouvoir, d’évasions et de manœuvres politiciennes, d’intimidations que d’éliminations rapides, le tout sur fond de pas mal de plans tournés en prison (et pour cause aux vues du passé disons tumultueux de l’un des 2 cinéastes plutôt très inspiré ici !). Afin de coller au plus prés de la vérité, ce duo de réalisateurs a réussi à confronter braqueurs, magistrats, criminels et flics dans une vaste course contre la montre, une sorte d’intrigue contemporaine autour d’un sacré jeu du chat et de la souris et cela à travers des casses, des cavales et des planques qui ne lésinent pas trop sur les moyens pour nous en mettre plein la vue afin de rendre l’ensemble on ne peut plus fascinant et crédible mais sans glorification d’aucune sorte, d’autant que ce scénario haletant s’inspire vaguement d’un fait divers réel non élucidé, l’affaire des tueurs du Brabant, survenu en Belgique dans les années 80....

C.LB



 
 
 
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