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Le retour du héros (sur Canal + Grand Ecran)

Sortie  le  07/12/2022  

De Laurent Tirard avec Jean Dujardin, Mélanie Laurent, Noémie Merlant, Féodor Atkine, Evelyne Buyle, Christian Bujeau et Laurent Bateau (sur Ciné + Premier les 07 et 12/12)


Elisabeth est droite, sérieuse et honnête. Le capitaine Neuville est lâche, fourbe et sans scrupules. Elle le déteste. Il la méprise. Mais en faisant de lui un héros d'opérette, elle est devenue, malgré elle, responsable d'une imposture qui va très vite la dépasser…

C’est tellement rare de voir des films en costumes d’origine française qu’il ne faut surtout pas bouder son plaisir en les ratant surtout pas lorsque l’occasion se présente, d’autant plus si des acteurs de la trempe de Jean Dujardin et de Mélanie Laurent en sont les principaux protagonistes et y jouent copieusement la comédie sur fond de romanesque ! Si le premier s’est déjà prêté à ce petit jeu à ses tout débuts, notamment dans Il ne faut jurer de rien en 2005 qui se passait à peu près à la même époque qu’ici (c’est-à-dire dans les années 1810), la seconde fait sa 1ère apparition dans ce genre cinématographique humoristique et déguisé, hormis le parodique Dikkenek en 2006 et des rôles « en tenue » qu’elle a interprété dans des productions se déroulant pendant la 2ème guerre mondiale telles qu’Indigènes en 2006, Inglourious basterds et Le concert en 2009, sans oublier La rafle en 2010.
Ne vous étonnez donc pas à ce que ce duo fonctionne, que Jean nous fasse du « Dujardin » comme on l’aime tant, cette fois dans le rôle de Charles-Grégoire de Neuville, un hussard séducteur et beau-parleur, certes rusé et enjôleur en diable mais affabulateur, fourbe, bonimenteur, escroc, imposteur, hypocrite, mythomane, arrogant et prétentieux, de surcroît déserteur et traître (bref, que des qualités !), qui va se retrouver « piéger » par une Mélanie Laurent très à l’aise dans le style « film d’aventures comique » à travers « quelqu’un de bien », une jeune femme au monde intérieur riche mais introvertie, parfois hystérique et de plus célibataire, enfermée dans le carcan des codes de la société de cette période napoléonienne encore strict, et « obligée », pour sauver sa sœur de cet homme flamboyant quelque peu canaille sur les bords, de lui inventer, via un faux échange épistolaire assez conséquent, un C.V. digne de foi, celui des exploits d’un héros de guerre sans peur ni reproche ! Il va s’en dire que les mensonges (qui finissent par l’emporter sur la vérité), les exagérations, les retournements de situations, les manigances et les subterfuges particulièrement inventifs aussi, ainsi que les quiproquos, vont aller bon train, rehaussés par des dialogues croustillants et des réparties grinçantes, en un mot, drôles et bien écrits !
Impossible de résister au bagout tour à tour subtil, caricatural (les mimiques sont légions !) et hilarant de l’un comme de l’autre, lui sans moral ni éthique, s’échinant à lui voler l’histoire qu’elle lui a imaginée et écrite de toute pièce, elle certes fautive mais bien déterminée, s’escrimant à le démasquer coûte que coûte, quitte à le détruire voire l’éliminer par tous les moyens possibles, et cela malgré le « deal » passé entre eux ! D’ailleurs, cet énorme « canular », cette grosse mystification, ce fameux simulacre ou, si vous préférez encore, cette incroyable fourberie dissimulée à leurs proches va les dépasser tous les 2 ! On n’avait pas vu un cinéma aussi bien pensé et interprété, au moins depuis au Ridicule de Patrice Leconte en 1996, avec ce sens du rythme virevoltant, voire énergique et même explosif, ce style de belles tournures de phrases plutôt élégantes mais qui cachent tant de secrets, et ces effets « coups de théâtre » à répétition.
Un grand bravo au réalisateur Laurent Tirard, déjà responsable de Mensonges et trahisons et plus si affinités, Molière, Le petit Nicolas 1 & 2 et Astérix et Obélix : au service de sa majesté qui employaient déjà quelques-uns de ses thèmes de prédilection (autant celui de la farce que celui de tourner en un temps disons bel et bien révolu !) et, cette fois, du moins beaucoup plus inspiré que son précédent long métrage, Un homme à la hauteur, avec déjà comme de bien entendu Jean Dujardin....

C.LB



 
 
 
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