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- livre : Le premier convoi 1848 de Michèle Perret aux éditions Chèvre-Feuille étoilé

le  27/10/2019  



L’histoire des premiers colons envoyés en Algérie.

Fin juin 1848, une énième émeute éclate à Paris, tout l’est parisien se couvre de barricades et l’archevêque, Monseigneur Affre, est tué. Il faut dire que Paris compte à l’époque 40% de chômeurs et que l’agitation dure depuis janvier. Les bourgeois libéraux de la toute jeune Deuxième République prennent peur et une idée géniale germe dans leur esprit : envoyer le prolétariat parisien, potentiel fauteur de troubles, coloniser l’Algérie. Sitôt dit, sitôt fait : un énorme battage publicitaire promet aux volontaires une petite maison et des terres à cultiver dans un pays de lacs et de rivières où poussent les bananiers, les orangers et le blé à foison. Beaucoup d’argent est débloqué et le succès est immense : entre octobre 1848 et mars 1849, dix-sept convois d’environ 850 personnes chacun partent de Paris, chargés de tout un petit peuple uniquement parisien, sauf le dix-septième qui fera escale à Lyon pour embarquer aussi quelques trublions potentiels. Le voyage dure dix-huit jours : les futurs colons, dont la plupart n’ont jamais vu la mer, sont transportés dans des barges, sur les canaux jusqu’à Chalon, par bateaux à vapeur sur la Saône et le Rhône jusqu’à Arles, puis en train d’Arles à Marseille, en corvette jusqu’aux ports d’Algérie, tantôt acclamés, tantôt injuriés par les populations riveraines, tantôt choyés et tantôt maltraités par les compagnies de navigation. Une fois en Algérie, la déception est grande : ni bananiers, ni orangers, ni champs de blé : la terre est couverte de ronces, l’armée les accueille souvent l’arme au bras, comme des émeutiers, les maisons prévues sont à construire, l’eau manque, le climat est malsain. Près de la moitié, souvent les artisans d’art, se fera rapatrier en France, beaucoup mourront lors des différentes épidémies, le reste fera souche.

-Un autre regard sur le passé...pour mieux comprendre le présent :
Le 22 février 1848, Paris se soulève contre le roi Louis Philippe. La Deuxième République est proclamée et Alphonse de Lamartine impose le drapeau tricolore. Des Ateliers Nationaux destinés à procurer du travail aux chômeurs parisiens sont créés puis fermés rapidement par l’assemblée conservatrice. Fin juin, une nouvelle insurrection est réprimée dans le sang. Pour se débarrasser des fauteurs de troubles, on leur propose de créer des colonies agricoles en Algérie. Un décret du 20 septembre 1848 stipule que les colons doivent partir le plus vite possible. Arrivés en Algérie, c’est la déception totale : la terre idyllique qu’on leur a promise se révèle hostile, couverte de ronces, et rien n’a été prévu pour les accueillir... à part l’armée.
Avec Le Premier Convoi – 1848, publié aux éditions Chèvre-feuille étoilée, Michèle Perret nous invite à embarquer dans une aventure incroyable : celle du premier des 17 convois qui arrivera à Arzew près d’Oran le 27 octobre 1848, il y a 171 ans. Cette histoire passionnante, qui tient le lecteur en haleine de la première à la dernière page, est plus que jamais d’actualité.
Le Premier Convoi – 1848 est un ouvrage de 280 pages à mettre entre toutes les mains pour ses vertus mémorielles et pédagogiques. Alors que les origines de l’histoire coloniale sont peu enseignées de part et d’autre de la Méditerranée, ce roman, basé sur des faits réels, vient combler cette lacune importante. Avec un objectif : contribuer à rapprocher les deux communautés.

-Une approche inédite basée sur une solide documentation :
Pour la première fois, un roman historique aborde en profondeur le tout premier convoi qui a conduit les colons en Algérie. Basé sur une documentation sérieuse et fouillée, le roman s’appuie sur des sources à l’authenticité avérée telles que des récits de l’époque, des documents officiels… Une bibliographie détaillée permet d’ailleurs aux lecteur.trice.s qui le souhaitent d’approfondir leur connaissance du sujet. Le Premier convoi – 1848 est aussi passionnant par son approche singulière : les deux tiers du livre sont en effet consacrés aux événements de l’été 1848 à Paris et au déroulement de ce voyage qui devait changer le cours de l’Histoire et bouleverser bien des vies. Le dernier tiers du roman raconte le quotidien des trois premières années en Algérie. Les protagonistes qui ont embarqué ce jour-là deviennent réels, à la fois si lointains et si proches de nous. Michèle Perret réussit à les faire exister, à leur rendre vie, eux qui n’étaient jusqu’alors que des exilés anonymes de la République. Les lecteurs/trice.s suivent les aventures de deux couples d’amis, suffisamment proches des émeutiers pour avoir jugé bon de partir. Leurs amours, leurs joies et leurs peines, un événement dramatique qui touche l’une d’entre eux, le bouleversement de leurs existences et de leurs opinions... sont autant d’accroches captivantes pour rendre à cette histoire toute sa dimension humaine.

-L’Algérie, le berceau de l’inspiration de l’auteure :
Michèle Perret est née à Oran en 1937. L’Algérie est la terre de ses premiers souvenirs, de la présence bienveillante de sa famille, de la découverte de l’amitié, de ses émois d’adolescente… Elle part, un jour de 1955, comme tant d’autres jeunes de son âge pour poursuivre son cursus universitaire à Paris. Mais l’Algérie ne la quitte pas, elle fait aussi partie de son identité. Elle y a ses racines et elle y garde des ami(e)s. Bien des années plus tard, en 2009, lorsqu’elle commence à écrire des fictions, elle va tout naturellement tremper sa plume dans cette terre lumineuse pour nourrir sa créativité. Michèle se spécialise en effet dans le Maghreb colonial et postcolonial. La ferme où elle a passé son enfance lui inspire notamment un roman en partie autobiographique : Terre du vent (éditions Harmattan). Elle écrit ensuite sur l’Oranie pendant la guerre d’indépendance : D’ocre et de cendres, un recueil de nouvelles consacré aux femmes.
En mai 2015, un lecteur originaire de son village l’invite à un voyage sur les lieux de son enfance. Ce n’est pas son premier séjour en Algérie mais c’est le plus émouvant, par l’incessante confrontation entre le présent et le passé. Le récit qui en a résulté, Les arbres ne nous oublient pas (éditions Chèvre-feuille étoilée), a été primé en 2016 par le jury de l’ADELF (Association des écrivains de littérature francophone).

-Portrait de Michèle Perret :
Née à Oran en 1937, Michèle a passé une enfance heureuse dans une ferme, puis elle est partie à Paris en 1955 à la fin de ses études secondaires. Elle y réalise ses études supérieures et s’installe définitivement dans la capitale. Michèle a aussi des attaches à Marseille, la ville natale de son mari, ainsi que dans le Sud-Ouest et dans le Bordelais, où résident de nombreux membres de sa famille. Agrégée de Lettres Modernes et Docteur d’État, Michèle est aussi une linguiste spécialiste d’ancien et moyen français, d’histoire de la langue française et de linguistique discursive et énonciative. Après deux années d’enseignement secondaire à l’Ecole normale de jeunes filles d’Arras, elle exerce la presque totalité de son enseignement universitaire à l’université de Paris X - Nanterre, à l’exception de quelques cycles de courte durée en Espagne, en Finlande, au Maroc, en Tunisie et aux USA. Elle est aujourd’hui Professeur honoraire des Universités. En 1998, elle passe une thèse sur les adverbes de lieu en moyen français, publiée chez Droz sous le titre de Le signe et la mention. Elle écrit ensuite deux ouvrages de vulgarisation à l’usage des jeunes chercheurs : L’énonciation en grammaire du texte (Nathan) et une Introduction à l’histoire de la langue française (Armand Colin, qui en est à sa 4° édition). Elle publie ensuite deux traductions de romans des XIIIe et XIVe siècles : • Le Bel Inconnu de Renaut de Beaujeu (éditions Champion), dont elle propose aussi une édition critique, • et Le roman de Mélusine de Jean d’Arras (éditions Stock). De ce dernier ouvrage, elle tire une première adaptation pour enfants, La légende de Mélusine (Flammarion) puis une seconde, La véridique histoire de la fée Mélusine (Tertium).
Depuis 2009, Michèle écrit aussi des fictions et, du fait de ses origines, elle se spécialise dans le Maghreb colonial et postcolonial, motivée par les amitiés franco-maghrébines. Tout ce parcours humain et culturel a un dénominateur commun : l’histoire.



 
 
 
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