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- livre : Battlefields de François-Marie Banier aux éditions Steidl

le  07/09/2020  





Ma feuille de route : la route de tout son long entre villes, champs, jambes, leurres, fumées du ciel, rayons du soleil, gesticulations, Gay Prides où lueurs de l’âme, du corps, des cœurs transpercent transes et raideurs des imageries du monde.
Les gays, pour dire très vite hommes et femmes, autrefois homme ou femme, dépassez les genres, je n’y ai jamais prêté attention jusqu’à la maladie appelée AIDS puis SIDA qui, au regard de la mortalité à venir, m’a cloué de chagrin.

Ils mourraient les uns, les unes après les autres. Guerre d’un virus insaisissable, démoniaque. Avant j’avais vu des morts. Pas autant, pas si jeunes. Pas à la chaîne. J’avais vu des accompagnements, des chambres mortuaires, parents, frères, amis en pleurs.
Autour, avec, auprès des homosexuels, hommes femmes, où d’autres touchés par l’épidémie, je n’ai vu que des anges. Plus que des anges. Ferveurs délicates aux inventions, ô fidélité, si touchante, bouleversante. Le bourgeois de chez bourgeois n’en revenait pas et racontait le placement à la messe, la dignité au cimetière comme à la volée des cendres, la chaleur de tous. Adieux de géants de sensibilité hors pair. D’accompagnements d’une douceur, de ferveurs inimaginables. Infirmières, médecins, voisins, le monde enfin gentil.

Voilà que j’entre dans une Gay Pride à Paris. Je photographie la poésie, la drôlerie, l’affrontement avec les idées reçues des caparaçonnés.
New York, Londres, Rome, Bruxelles, je suis et peins comme d’habitude au déclic, le plus souvent en noir et blanc. Fauves, enfants de chœur, couronnés de pastilles Valda, notaires en cornettes, mômes de Gala et Salvador Dali, conteurs de tous pays, tout un monde qui sait rire et prier. – François Marie Banier.

Battlefields est, en 200 pages, la célébration par François-Marie Banier de la culture gay dans sa forme la plus flamboyante et la plus fière. Composé de photos prises aux Gay Prides à Bruxelles, Londres, New York, Paris et Rome entre 1994 et 2018, Banier capture le spectre glamour complet de ceux qui défilent, toutes les plumes, les paillettes et le cuir; mais, plus important encore, aussi les personnages sous le maquillage et les perruques. «Je photographie la poésie, l’humour, la confrontation avec la convention des yeux fermés.».

-Le photographe: François-Marie Banier est né en 1947 à Paris. Romancier, peintre et dramaturge, Banier a aussi photographié des personnalités publiques et des inconnus dans la rue depuis les années 70. En 1991, le Centre Pompidou à été le premier lieu à exposer ses photographies, ont suivies des expositions en Europe, en Asie et aux Etats-Unis. En 2003, la Maison Européenne de la Photographie à Paris a présentée une rétrospective, exposant les photographies « écrites » et « peintes » de Banier, pour la première fois. Ses livres publiés par Steidl, sont Perdre la tête (2006), Beckett (2009), Never stop dancing (2016), Dreamers (2020).



 
 
 
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