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- livre : D’autres itinéraires de soi de Anne Calife aux éditions The Menthol House

le  02/02/2021  



"Métro, lieu d'authenticité et de vérité. Ici, personne ne ment, personne ne dissimule ou fait semblant. Chacun reste étonnamment lui-même, mieux : se révèle lui-même à l'extrême."

Ici, il n’y a ni ferme, ni champs. Ici, il n’est personne. Loin de l’Essonne, ce cultivateur malade se mêle à la foule urbaine, masse grouillante qui emprunte le métro matin et soir. Les Métroliens, comme il les appelle. Il se laisse emporter par les lignes sinueuses aux mille couleurs, autant de tickets pour s’évader loin des pesticides, loin de la terre. À lui, les femmes aux jupes flatteuses, l’odeur de croissants, la noirceur du bitume qui claque sous ses pas. À 57 ans, il respire enfin. Dans le métro, il aperçoit un autre lui-même, un « mieux que lui » ayant emprunté un autre itinéraire. Faut-il se perdre pour mieux se retrouver ?
D’autres itinéraires de soi emportera le lecteur dans un rêve éveillé, en ravivant sa jeunesse intérieure : vous ne prendrez plus jamais le métro de la même façon.

Pour l’écrire, j’ai arpenté les 304 stations du métro parisien me nourrissant de snacks et de Redbull piochés dans les distributeurs. Impossible, le soir de monter les escaliers, j’étais littéralement épuisée, et, je n’ai pas immédiatement compris pourquoi. Tout simplement, la pollution émise par les particules fines. Il faut quand même savoir que le métro reste bien plus pollué que les autoroutes et les boulevards les plus chargés.

Donc j’avais décidé de porter un masque et bizarrement, c’était très mal perçu, le Covid ne persécutait pas encore : on me prenait pour une terroriste. J’ignore pourquoi je mêle toujours une épreuve physique à l’écriture, cela doit toujours passer par le filtre de mon corps, le métro, reste un lieu unique riche en sensations, avec une confrontation oblique et sans risque de l’inconnu.

Comme vous le savez l’essentiel de mon modeste travail d’écrivain consiste à disséquer les sensations et perceptions. Je me refuse à raconter une histoire vue de l’extérieur et je place le focus de l’écriture, à l’intérieur du personnage central, en utilisant, la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût et le toucher, sans omettre les grandes fonctions physiologiques – respiration, digestion, locomotion. Dans les périodes agitées et troubles, les sensations demeurent nos derniers repères.

Par ailleurs, je me permets de vous rappeler que les autres titres déjà parus procèdent de la même façon. Meurs la Faim, lequel faisait partie des premiers roman publié sur les troubles du comportement alimentaire (Gallimard, 1999) aborde la faim (réédité aux éditions The Menthol House).
Tant mieux si je tombe traite de la perte de raison et les distorsions sensorielles inhérentes, Paul et le Chat, la vue au travers d’un animal et d’un nouveau-né, Fleur de peau, (Éditions Héloïse d’Ormesson) les odeurs et parfums féminins, Conte d’Asphalte (Albin Michel) – texte pour lequel je suis allée vivre à la rue – porte sur les sensations des sdf et explore le froid, et le dur. C’est combien, fouille l’intime de la prostitution.

-L’autrice : Anne Calife, de son premier nom d’auteur Anne Colmerauer, partage sa vie entre Paris et Metz. Influencée par ses études de médecine, son écriture s’inspire du vivant. Elle a publié aux éditions Mercure de France, Galimard, Albin Michel, Editions Héloïse d’Ormesson, Balland. Dans ses livres, repris par la collection Orties, elle explore les vibrations d’aujourd’hui en pointant du doigt, les dérives, marges (solitude, exclusion, folie, dépendances) mais aussi les bonheurs de la vie, fugaces et fragiles.




 
 
 
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