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- BD : Aaron de Ben Gijsemans aux éditions Dargaud

le  27/08/2021  





Dans Aaron, Ben Gijsemans décrit les vacances d'été troublées d'un étudiant timide et solitaire de 20 ans. Aaron doit réviser pour ses examens de rattrapage mais a d'autres choses en tête. Il est envahi de pensées qu’il n’arrive pas à contrôler. Il lutte contre ses pulsions et son attirance pour les jeunes enfants avec ses sentiments mais ne comprend pas ce qui se passe en lui. Depuis la solitude de sa chambre - il quitte uniquement sa chambre au moment des repas, ses parents discutant un peu et le laissant gérer ses révisions -, il ne trouve pas les réponses à ses questions et ses comics américains ne parviennent plus à le distraire de ses préoccupations et autres tourments.
Durant le même été, son conflit interne s'accentue avec la rencontre de deux jeunes enfants de son entourage dont l’un, un de ses voisins, avec qui il joue au foot en bas de son immeuble, et l’autre, qui n’est autre que le jeune fils de la petite amie de son frère. Il découvre alors ce qu'il nie et nie ce qu'il découvre...

Ben Gijsemans s’était déjà fait remarquer il y a 4 ans avec Hubert (Prix du jury du Festival Pulp en 2017), une œuvre contemplative décrivant un taiseux, mal à l’aise en société et amateur d’arts grâce auxquels il peut s’échapper. Le jeune auteur belge d’à peine 30 ans traite ici d’un thème inattendu, difficile et « politiquement incorrect » avec sensibilité, maîtrise et beaucoup de compassion. Il adopte le parti pris graphique assez radical voire troublant, et narratif d’une grande sobriété en racontant son histoire sous la forme d’un gaufrier de 4 cases sur 3 répété inlassablement, qui n’est interrompu que par l’histoire de super-héros faisant office d’exutoire pour son personnage et lui permettant de s’échapper de la vie réelle.

Témoignage d’une réalité trop souvent taboue, Aaron est un récit de 200 pages à la fois pudique, courageux, original et bienvenu, qui aborde, avec justesse et sans jamais prendre position, un drame personnel auquel certains hommes sont confrontés, tout en se sentant condamnés au silence et à la culpabilité. Car s’ils peuvent trouver un soutien du côté des hôpitaux et des associations, l’interdit de la pédophilie les empêche trop souvent d’appeler à l’aide. Au-delà des pédophiles, Aaron s’intéresse à tous les gens qui cherchent à échapper à une souffrance permanente et à un non-passage à l’acte.

-L’auteur : Né en 1989 en Belgique, Ben Gijsemans a étudié la peinture à la School of Arts de Gand, l'animation à la KASK à Gand pour finir par la Haute-Ecole LUCA (Illustration et bande dessinée) à Bruxelles. C'est là, dans le centre de la Belgique, qu'il se forme aux arts graphiques.



 
 
 
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