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- expo : Portraits de femmes : Rétrospective Augusto Genina à la Fondation Jérôme Seydoux/Pathé (jusqu'au 27 décembre)

le  30/11/2022  





Augusto Genina est considéré comme l’un des cinéastes fondateurs du cinéma italien. Auteur d’une œuvre cinématographique prolifique, sa période muette compte près de soixante-dix films, jusqu’ici peu visible du fait de la disparition du matériel. Réalisée en Italie, en Allemagne et en France, une grande partie de son œuvre muette a été restaurée grâce au minutieux travail des cinémathèques italiennes et françaises. Du 30 novembre au 27 décembre, la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé propose de la découvrir. La plupart des films présentés ont été restaurés et seront accompagnés au piano par les pianistes issus de la classe d'improvisation de Jean-François Zygel. Plusieurs séances seront présentées par des historiens italiens et français.

D’abord scénariste, Augusto Genina passe rapidement à la réalisation (épaulé par Ugo Falena) et signe son premier film en 1912, Beatrice D’Este dans lequel l’actrice Francesca Bertini interprète cette aristocrate italienne.

Genina enchaîne ensuite les drames, les comédies et les adaptations ayant pour vedettes les divas italiennes. Il tire ainsi deux films de la pièce comique à succès de Nino Oxilia et Sandro Camasio Addio Giovinezza !. Le premier, tourné en 1918, séduit par son aspect sentimental et mélancolique et par la grâce de Maria Jacobini (que l’on retrouve la même année dans L’Onestà del peccato). Elle y joue le rôle d’une modeste couturière amoureuse d’un étudiant, dépitée face à une très séductrice rivale interprétée par l’élégante Elena Makowska (qui partage l’affiche avec Fernanda Negri Pouget dans Lucciola en 1917). La deuxième version de 1927 offre à l’intrigue une atmosphère plus moderne et dynamique et met en vedette l’acteur autrichien Walter Slezak, Elena Sangro et la pétillante Carmen Boni.

D’autres adaptations valent à Augusto Genina quelques succès cinématographiques. La presse encense le « miracle de la direction artistique, la puissance émotionnelle du sujet et l’engagement admirable des acteurs » de Lo Scaldino (1920), réalisé d’après le roman de Luigi Pirandello.
Genina est l’un des premiers à adapter Edmond Rostand. En 1923, son Cyrano de Bergerac est une merveille entièrement coloriée au pochoir. Les teintes de ce chef-d’œuvre rappellent les tableaux de la fin du XVIIème siècle. La mise en scène est ingénieuse, et l'interprétation du comédien Pierre Magnier traduit - en silence - les nuances du personnage.

En 1919, La Mascera e il volto, audacieuse comédie satirique sur le mariage et les moeurs sexuelles, est une adaptation de la pièce de Luigi Chiarelli. Le rôle de la femme infidèle est tenu par Italia Almirante Manzini, actrice de théâtre reconnue au cinéma pour son interprétation de Sophonisba dans Cabiria (Giovanni Pastrone, 1914).

Carmen Boni fut la muse de Genina, jusqu’à leur rupture. À l’instar des actrices américaines, son éclat, sa modernité et son côté garçonne en fait une actrice phare de la deuxième moitié des années 1920 en Europe. En 1927, la crise du cinéma italien pousse le couple à s'expatrier avec succès en Allemagne puis en France. Elle incarne les rôles féminins principaux de L’Ultimo Lord (1926), d’après Little Lord Fauntleroy, Totte et sa chance (1927), Das Mädchen der Strasse (1928) ou Quartier latin (1929) avec Gina Manès.

En 1930, Genina dirige Louise Brooks au sommet de sa gloire dans l’inoubliable Prix de beauté. Ce film charnière entre le muet et le parlant (tourné en muet puis sonorisé, il en existe deux versions) est écrit par René Clair d’après une trame de Georg W. Pabst avec qui l’actrice vient de tourner Le Journal d’une fille perdue et Loulou (1929). Le pas vers le parlant est amorcé et confirmé avec Les Amours de minuit (1931), film noir qui réunit Pierre Batcheff, Jacques Varennes et la jeune actrice Danièle Parola, co-réalisé avec Marc Allégret.

Le cinéma d’Augusto Genina est composé de fascinants portraits de femmes – orpheline, chanteuse de cabaret, dactylo, manucure, femme infidèle ou veuve - incarnés par des actrices sublimes. Avec constance et originalité, il est parvenu à faire de chaque film un instantané de leur attitude et d’une époque. Ce sont ces portraits de femmes, qui tiennent une place importante dans l’œuvre muette du cinéaste, que la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé mettra en lumière tout au long de cette rétrospective inédite.



 
 
 
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