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- BD : Indiana de Claire Bouilhac et Catel Muller d'après George Sand aux éditions Dargaud

le  13/09/2023  



176 pages

1830, quelque part dans la Brie. Mal mariée à un vieux colonel à la retraite particulièrement irascible et antipathique, aussi violent qu'autoritaire, la jeune Indiana, âgée de 19 ans, se morfond, à la fois désabusée et triste, dans le manoir conjugal.
Sa vie bascule lorsque leur nouveau voisin, Raymon de Ramière, pris à tort pour un voleur par son mari, est recueilli chez elle, légèrement blessé mais choqué. Plus tard,, Indiana retrouve le charmant jeune homme dans un bal à Paris. Raymon commence alors avec elle un jeu de séduction qu'elle croit sincère.
Partagée entre son attrait pour le jeune noble fougueux et la peur que son officier de mari ne le tue s'il découvre leur passion naissante, Indiana s'aguerrit aux relations sentimentales en acceptant la cour assidue du Casanova volage et les déboires décevants qui l'accompagnent.
Alors que tout prédestinerait l'héroïne à une fin tragique, elle trouvera le réconfort et la sérénité sur l'île Bourbon, dans la compagnie de son cousin Ralph.

Après Rose Valland, capitaine Beaux-Arts, Adieu Kharbov, et La princesse de Clèves, le duo Claire Bouilhac/Catel Muller se reforme pour mettre en valeur une nouvelle figure féminine, George Sand, à travers un de ses romans, Indiana. C'est le premier qu'Aurore Dupin écrit seule et sous son pseudonyme masculin.
Méconnu aujourd'hui, il a un énorme succès à l'époque, supérieur à Notre-Dame de Paris de Victor Hugo, devenu un classique de la littérature féministe. Il aborde le sujet toujours d'actualité de la place des femmes dans la société. L'intrigue amoureuse, tout en ardeur et en délicatesse, est un vernis pour questionner les moeurs incisives d'une époque, notamment autour du mariage, de la subordination de la femme à l'homme, et du bâillonnement des désirs féminins. En filigrane, Indiana brosse un portrait de la société française à l'orée de la révolution de 1830.
Rigoureusement documentée, augmentée d'un prologue et d'un épilogue dessinée pour mieux comprendre les intentions de l'écrivaine, la bande dessinée offre une belle porte d'entrée au roman avec une charge contre l'oppression dont les femmes sont victimes. L'occasion de découvrir un petit bijou qui montre une facette plus sociale et politique de l'oeuvre de George Sand. Un travail exceptionnel qui offre au texte une fluidité parfaite, ce que souligne le trait précis et semi réaliste du dessin.

-Les auteures :
*Formée aux arts appliqués et au dessin d’animation, Claire Bouilhac accompagne les débuts des éditions Cornélius en créant dès 1994 le personnage de Francis blaireau farceur avec Jake Raynal au scénario. Huit albums ont été publiés à ce jour. Toujours avec Jake Raynal au scénario, elle est la première dessinatrice à intégrer l’équipe du mensuel fluide glacial, pour lequel les deux complices signent les exploits d’une flamboyante espionne rousse, melody Bondage, qui donneront lieu en 2003 à l’album My Name is Bondage.
Dans les pages de Fluide, Claire collabore également avec Jean-Yves Ferri, Vincent Haudiquet, Camille Burger, Pascal Gros… , et réalise aussi plusieurs histoires en solo.
En 2007, elle rejoint l’équipe de Spirou où elle anime sous forme de strips les aventures d’une petite fille dotée d’un mystérieux pouvoir, Maud Mutante.
En 2009, elle illustre L’antimanuel de psychologie (éd. Bréal) du psychiatre Serge Hefez.
Cette même année, en collaboration avec Catel Muller, et l’historienne Emmanuelle Polack, Claire cosigne pour les éditions Dupuis, le scénario et les dessins de Rose Valland, capitaine Beaux-Arts, l’historienne qui sauva les œuvres d’art volées à Paris par les nazis.
L’année suivante, toujours avec Catel, mais dans le registre enfantin, Claire coscénarise la série Top Linotte pré-publiée dans le magazine les p’tites sorcières chez Fleurus puis recueillie en trois volumes par Dupuis.
En 2015, Claire, Catel et Mylène Demongeot, racontent la vie étonnante de la mère de la célèbre actrice, dans un album à la narration inventive, Adieu Kharkov, Collection Aire Libre aux éditions Dupuis.
EN 2019, Claire et Catel publient l’adaptation de La princesse de Clèves aux éditions Dargaud. La délicate adaptation scénaristique a été réalisée à quatre mains. Claire Bouilhac a dessiné l’adaptation du roman, et Catel Muller a illustré un prologue et un épilogue contextualisant l’œuvre dans la vie de Marie-Madeleine de La Fayette.

*Catel Muller, diplômée des Arts décoratifs de Strasbourg, se spécialise dans le portrait en bandes dessinées de femmes remarquables. Son album Ainsi soit Benoîte Groult chez Grasset obtient le prix Artémisia de la bande dessinée féminine. Chez Casterman, ses biographiques consacrées aux clandestines de l’Histoire Kiki de Montparnasse, Olympe de Gouges et Joséphine Baker, sont multiprimées et traduites dans le monde entier. Couronnée en 2018 du Grand prix belge Diagonale-Rossel pour l’ensemble de son œuvre, Catel s’est imposée comme une autrice majeure de la bande dessinée.



 
 
 
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