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Vivre ensemble

Sortie  le  14/02/2018  

De Anna Karina avec Anna Karina, Michel Lancelot, Bob Askloff et Monique Morelli


Alain, la trentaine, est professeur d'histoire et mène avec Sylvie une vie bien rangée. A Saint-Germain-des-Prés, il rencontre Julie, femme fantasque et très libre, et quitte peu de temps après Sylvie. L'insouciance le gagne : souvent absent à ses cours, il finit par ne plus aller travailler. Julie décide de partir en vacances avec lui à New York, où en pleine vie de bohème, elle lui annonce qu'elle est enceinte. De retour à Paris, Alain a beaucoup changé ; il boit, se drogue, et passe de boulot en boulot. L'arrivée de l'enfant change également Julie, qui devient plus sérieuse et travaille. A la suite d'une querelle, Alain part ; il s'installe chez Jacky, un copain. Julie, apprenant son état de délabrement par une amie, part à sa recherche...

Visage emblématique de la Nouvelle Vague et actrice fétiche de Jean-Luc Godard, Anna Karina livre, 13 ans après ses débuts à l’écran, un tout premier film, très personnel, faisant la chronique d’une époque, celle de la guerre du Viêt Nam et du début des années 1970. Anna Karina promène sa caméra dans les quartiers underground de New York, et flâne dans le Quartier latin, cher à son cœur. Un film très libre et un témoignage indispensable sur la fin des illusions à l’orée des années 70 ! C'est ça le « vivre ensemble » pour les bobos? Parce qu'en banlieue ça n'a pas la même signification...
Après une fulgurante carrière de mannequin, Hann Karin Bayer, rebaptisée Anna Karina par Coco Chanel, se fait remarquer par Jean-Luc Godard dans une publicité pour un savon. « Il m'a proposé un petit rôle dans À bout de souffle. Il fallait se déshabiller. Je lui ai dit qu'il n'en était pas question et je suis partie. » Il la rappelle plusieurs mois après pour le rôle principal du Petit Soldat, un film sur la guerre d'Algérie qui sera interdit. Pendant le tournage naît entre eux une idylle qui durera 7 ans. « C'était une vraie histoire d'amour, la première surtout pour moi. Les rôles qu'il m'a donnés étaient des cadeaux du ciel. Très différents, ils me donnaient la possibilité de changer tout le temps. » Mais l'actrice fétiche de Godard, avec qui il tourne Une femme est une femme (prix de la meilleure actrice au Festival de Berlin), Vivre sa vie, Bande à part ou Pierrot le fou, travaille aussi avec Michel Deville, Jacques Rivette, Luchino Visconti, Rainer Werner Fassbinder ou Eric Rohmer...
Anna Karina a réalisé son premier long-métrage à l’âge de 33 ans. Elle signa son scénario sous un pseudonyme masculin, mais personne ne semblait y croire vraiment. Alors elle a monté sa propre boîte de production, Raska. Et un matin, René Pignères de SNC la contacte pour lui proposer une coproduction. Avec Vivre ensemble, elle se lance, tête baissée, dans un tournage-éclair en Super 16 mm. En seulement 4 semaines et avec un budget minuscule, elle esquisse le récit de deux ans d’intimité. Claude Agostini, le directeur de la photographie, l’a aidé à transformer son triplex en studio, utilisant son salon comme plateau et sa cuisine comme régie. Anna Karina a aussi tourné à New York, en cachette, sans autorisation. Le scripte (car c’était un garçon et pas une fille) faisait également la doublure lumière pour les scènes où Anna Karina devrait cadrer elle-même en tant qu’actrice.
Après des études de psychologie et d’histoire-géographie, Michel Lancelot se lance dans le journalisme, il écrit pour Combat puis L’Aurore avant de devenir reporter à l’ORTF. Lucien Morisse, directeur artistique le découvre et lui confie en 1968 l’antenne d’Europe 1 avec Campus, une émission qu’il a créée et animera d’avril 1968 à septembre 1972. En plein mai 68, ses débuts seront tonitruants et son énorme audience fera passer la station devant Radio Luxembourg et France Inter. Campus, c’était la couverture de tous les événements étudiants, alors particulièrement riches, mais aussi l’actualité internationale : le Printemps de Prague en direct. Documents sonores chocs, petites interviews et surtout cette musique d’Outre-Manche qui commençait à déferler en France. Il aborde également de nombreux sujets tabou pour l’époque : la sexualité, la peine de mort, le suicide, ou encore l’homosexualité. À partir de septembre 1968, Michel Lancelot entreprend ses émissions spéciales : les Beatles, Léo Ferré, Jacques Brel, Serge Gainsbourg, les Rolling Stones, etc. Ses liens avec les artistes sont très forts, Léo Ferré lui consacrera une chanson : "Michel". Il enchaine ensuite avec d’autres expériences : comme acteur dans Vivre ensemble et comme intervieweur pour le DVD De Serge Gainsbourg à Gainsbarre de 1968 à 1991.
Au début des années 2000, les Archives Françaises du Film et SNC ont entrepris les travaux de restauration photochimique du film. Le tirage d’un nouvel internégatif a permis la fabrication de copies 35 mm qui ont circulé dans le circuit des festivals (Cinémathèque française, Melbourne International Film Festival, Un week-end avec Anna Karina à l'Institut français de Cologne, Hommage à Anna Karina au Festival International de cinéma de Brasilia…). Toutefois, la technologie analogique disponible à l’époque n’a pas permis une restauration complète du film, permise depuis grâce à une subvention du CNC à SNC et un crowdfunding, en vue d'une restauration numérique en 4K.



 
 
 
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