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The captain – l’usurpateur

Sortie  le  21/03/2018  

De Robert Schwentke avec Max Hubacher, Milan Peschel, Frederick Lau, Bernd Hölscher, Waldemar Kobus, Alexander Fehling et Samuel Finzi


1945. Le chaos se répand en Allemagne et les armées du III ème Reich commencent à se déliter. Des escadrons de soldats ivres multiplient les exécutions sommaires, sans différencier déserteurs et fantassins ayant perdu leur unité. Pour survivre, un jeune déserteur allemand, Willi Herold, va usurper l’identité d’un capitaine, entraînant dans sa fuite avec lui des soldats pour une mystérieuse «mission spéciale».

Ce n’est pas tous les jours que nous avons la chance de voir au cinéma un bon film d’origine allemande, de surcroît tourné en noir & blanc, de plus totalement vrai (tiré d’un fait divers véridique) et en prime, sur la 2ème guerre mondiale côté germanique quelques mois avant la chute d’Hitler et la fin de ce lourd conflit. D’une intensité rare (on est loin de La liste de Schindler, autre fait réel porté à l’écran mais complètement aseptisé par les bons soins de Steven Spielberg !), avec une photo incroyablement belle (pour ne pas dire prenante !), suivi d’un casting parfait (en grande partie inconnue chez nous mais néanmoins vraiment à la hauteur du projet !), sans oublier une mise en scène certes parfois lente mais d’une remarquable maîtrise technique, cette histoire frappe les esprits de par son sujet « sensible » sur les dérives, atrocités et autres déchéances commises pendant les hostilités, et de par les expressions et rictus qui se lient sur quasiment tous les visages des protagonistes.
En effet, comment ne pas être pris par le regard d’une telle densité chez l’acteur suisse-allemand Max Hubacher (vu notamment dans L’enfance volée et Un train de nuit pour Lisbonne), d’abord très marqué par sa fuite, sa peur, sa frayeur, sa fatigue et son désespoir (en tant que déserteur, il est pourchassé par ses supérieurs !), puis plein de cran, d’aplomb et d’assurance lorsqu’il profite de l’opportunité qui se présente à lui de se faire passer pour quelqu’un d’autre en prenant l’identité d’un haut gradé (d’où le titre « Le capitaine ») et ainsi, de devenir avec assurance et mimétisme celui qu’il n’aurait jamais pu imaginer être un seul instant ? Ce nouveau « destin » tout tracé, il va l’incarner au-delà de ses espérances, se prenant réellement au jeu d’un chef en « mission spéciale » et ayant reçu les « pleins pouvoirs du Führer lui-même », qui va faire régner l’ordre en pleine débâcle (il veut incarner « le vengeur de l’honneur allemand » en instaurant une cour martiale simplifiée !) grâce à une petite troupe de soldats errants, des voleurs, des détrousseurs de morts, des pilleurs ou des déserteurs comm lui pour la plupart rencontrés au gré de son chemin. Le voir entrer dans la cage aux lions face à de vrais combattants sans plus pouvoir reculer ni jamais baisser la garde et encore moins se faire prendre, est une grande prouesse, d’autant qu’on lit dans ses yeux tout ce qui se passe dans sa tête au même moment !
Ce n’est sûrement pas pour rien si cette production méritante a reçu le Prix du Jury de la meilleure photographie au San Sebastian Festival et qu’il a été primé du Prix du Jury Jeune au Festival de cinéma Européen des Arcs. Il faut reconnaître que le réalisateur Robert Schwentke (on lui doit déjà Flight plan - avec Jodie Foster -, Hors le temps, Red, RIPD : brigade fantôme, et les 3 premiers volets de la saga Divergente) a su y mettre les formes avec un souci du détail et, en fond, une BO plutôt moderne, aussi angoissante qu’entêtante. Bref, une remarquable surprise autour d'un scénario pas facile mais qui, on l’espère, trouvera rapidement son public....

C.LB



 
 
 
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