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Marie-Madeleine

Sortie  le  28/03/2018  

De Garth Davis avec Rooney Mara, Joaquin Phoenix, Chiwetel Ejiofor, Denis Menochet, Tahar Rahim, Lubna Azabal et Tchécky Karyo


Marie Madeleine est un portrait authentique et humaniste de l’un des personnages religieux les plus énigmatiques et incompris de l’histoire. Ce biopic biblique raconte l’histoire de Marie, une jeune femme en quête d’un nouveau chemin de vie. Soumise aux mœurs de l’époque, Marie défie les traditions de sa famille pour rejoindre un nouveau mouvement social mené par le charismatique Jésus de Nazareth. Elle trouve rapidement sa place au cœur d’un voyage qui va les conduire à Jérusalem.

Vous l’aurez vite compris rien qu’en regardant le titre et l’affiche du film, il s’agit de nous raconter l’existence ou, du moins, le parcours d’un personnage originel (trop) souvent déformé, étouffé, passé sous silence voire même quelque peu occulté dans l’histoire de la Bible et plus particulièrement dans le récit de la vie de Jésus, celle de Marie-Madeleine. Néanmoins, sa présence au sein du petit cercle formé par les futurs apôtres méritait amplement qu’on lui consacre un long métrage, de par le fait qu’elle fut la seule femme à côtoyer de près le fils de Dieu et à suivre le long périple de ce groupe composé uniquement d’une poignée d’hommes qui marchèrent à travers la Judée jusqu’à la ville « sainte » avant que ce dernier ne finisse sur la croix. Et comme toute production de cet acabit dit « religieux » qui se respecte, il va être bien entendu question de croyance mais aussi de belle foi, de grande ferveur, de pardon et de pitié servies à pratiquement toutes les sauces !
En effet, ça parle beaucoup de Rabbi – nom donné aux docteurs de la loi juive et ici au Messie par cette congrégation, appellation qui deviendra plus tard rabbin ! -, de dévotion (« Le royaume de Dieu va arriver ») et d’amour (« IL est là, il n’attend que toi ! »), sans oublier de Marie (sans encore celui de Madeleine/Magdalène rajouté au 1er prénom), elle qui fait peur et qui pourrait bien diviser cette communauté autant pleine de piété que d’humilité. A ce sujet, il suffit de voir le visage de chacun(e) pour se rendre compte que la douceur et la bonté les habitent tou(te)s sans exception, en l’occurrence Ronney Mara qui joue cette marginale avant l’heure, à la fois capricieuse et lunatique, avec ce regard certes si éthéré, si innocent mais qui sait aussi se faire si volontaire et parfois si possédée ; Joaquin Phoenix dans celui du Prince de la paix, complètement pris par son rôle nuancé (comme à l’accoutumé d’ailleurs) ; et Tahar Rahim en Judas, lui qui a justement interprété l’autre, « Un prophète » de Jacques Audiard en 2009 (drôle non ?).
On peut être étonné de voir autant d’acteurs francophones composés ce casting international autour de ce « biopic » miséricordieux - Tchécky Karyo en père de Marie, Denis Menochet en frère de Marie, la belge Lubna Azabal dans la peau de Suzanne, Jules Sitruk dans celle d’Aaron et Ariane Labed dans celle de Rachel -, comme on pourrait être surpris de découvrir Pierre sous les traits de l’anglo-nigérian Chiwetel Ejiofor (Amistad ; She hate me ; 4 frères ; Twelve years a slave ; Aux yeux de tous ; Docteur Strange), ainsi que par le « prophète du diable » multipliant les miracles à une vitesse V, mais il faut reconnaître que le doute subsiste puisque personne, vous ou moi, n’était là il y a 2000 ans pour acquiescer ou dire le contraire, preuves à l’appui !
Alors, quoi qu’il en soit, acceptons comme il se doit et sans (trop) controverser ni polémiquer cette version certes longue (un peu plus de 2 heures) et posée (d’une certaine lenteur narrative), à la BO omniprésente (la musique est quasiment partout, même lorsque ça prêche !), mais sincère, toute en simplicité et richement inspirée, toute empreinte d’humanité, de spiritualité et de dévouement profonds, qui nous amènera à voir et comprendre ce disciple féminin et témoin essentiel, porteur de la sainte parole du Sauveur, sous un autre angle et peut-être avec un œil nouveau dans cette approche cinématographique plutôt inédite, face au mythe du plus célèbre des prédicateurs qui lui vous guidera sans (aucun) doute vers une perspective théologique et une vision éclairée très différentes de celles déjà-vu à l’écran (on pense notamment à La dernière tentation du Christ, à La passion du Christ et, également, à L’évangile selon Saint-Matthieu) !....

C.LB



 
 
 
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