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Manhattan stories

Sortie  le  16/05/2018  

De Dustin Guy Defa avec Abbi Jacobson, Michael Cera, Philip Baker Hall, George Sample III, Tavi Gevinson, Bene Coopersmith et Olivia Luccardi


Une journée à Manhattan. Dès le réveil, Benny, fan de vinyles collectors et de chemises bariolées n’a qu’une obsession : aller récupérer un disque rare de Charlie Parker. Mais il doit aussi gérer la déprime de son coloc Ray qui ne sait comment se racheter après avoir posté en ligne, en guise de vengeance, des photos de nu de sa copine. Pendant ce temps, Claire, chroniqueuse judiciaire débutante passe sa première journée sur le terrain aux côtés de Phil, journaliste d’investigation pour un tabloïd ayant des méthodes douteuses pour obtenir un scoop. Leur enquête va les mener jusqu’à Jimmy, un horloger qui pourrait détenir, sans le savoir, les preuves d’un meurtre. Quelques blocks plus loin, Wendy, une étudiante désabusée du monde actuel, tente de persuader sa meilleure amie Mélanie qu’idéaux féministes et désirs sexuels ne sont pas incompatibles. S’ils ne se croisent pas toujours, une connexion existe entre tous : l’énergie de New-York.

Manhattan a toujours inspiré les réalisateurs du monde entier et cela depuis fort longtemps, que ce soit en l’occurrence Joseph Franz (A Broadway cowboy, en 1920), Stephen Roberts (Romance in Manhattan, en 1935), Edward Ludwig (Aventure à Manhattan, en 1936), ainsi que plus récemment Martin Scorsese (Taxi driver), Tom DiCillo (Ca tourne à Manhattan), Sidney Lumet (Dans l’ombre de Manhattan), James Ivory (Jane Austen à Manhattan), Oliver Stone (Wall Street), Wayne Wang (Coup de foudre à Manhattan), et même par exemple Marcel Carné (3 chambres à Manhattan, en 1965) et Jean-Pierre Melville (2 hommes dans Manhattan). Et ce n’est certainement pas Woody Allen qui nous dira le contraire, lui qui a justement intitulé Manhattan, l’un de ses plus beaux films - sans oublier Meurtre mystérieux à Manhattan, en 1993 - sur ce « petit » bout de terre appartenant à la ville de New York devenu le cœur de la « Big Apple ».
Bref, il y a de quoi imaginer bien des scénarios autour de ces habitants, de ces rues et de ces immeubles qui bordent aussi bien l’Hudson que l’East River et la Harlem River, d’autant que les histoires ne doivent pas manquer dans une métropole aussi dense et cosmopolite que celle-ci ! Et c’est justement ce que nous propose ici le cinéaste Dustin Guy Defa (Bad fever – également acteur notamment dans Swim little fish swim -) à travers plusieurs personnages qui se croisent parfois mais surtout qui vont vivre chacun(e) des drôles d’« aventures » somme toute assez banales et pas trop transcendantes les unes vis-à-vis des autres, mais suffisamment étranges, iconoclastes et parfois surprenantes pour attirer notre attention. Même si ces saynètes, tournées comme si elles étaient improvisées par leurs protagonistes (certains semblent être des amateurs), ne s’imbriquent pas les unes par rapport aux autres, elles définissent parfaitement l’ambiance et l’esprit qui règnent habituellement à New York !
A partir d’une petite futilité, d’une simple bêtise, d’une légère remarque ou d’un moindre fait divers, les personnages vont devoir se sortir de situations personnelles plus ou moins compliquées pour ne pas dire embarrassantes, avec un peu de jugeote, de réflexions, de bon sens, de chance aussi, d’infimes prises de risques parfois et souvent l’aide d’un comparse. On navigue alors entre à la recherche d’un disque et d’un scoop journalistique, stage et bavardage, école buissonnière et enquête meurtrière (suicide ou homicide ?), reporter angoissée, frimeur invétéré et mauvaise humeur affichée, chemise (accessoire souvent redondant) et déprime, montre cassée et quête de moralité, transaction crapuleuse et âme cafardeuse, discutions à bâtons rompus et conversations autour du cul, escroc et poursuite à vélo, amitié et plus si affinités.
En résumé, rien qui ne soit véritablement extraordinaire – mais plutôt ordinaire à travers un script simple, sans effet particulier et sans cadrage léché ! -, ni réellement tendu (ils sont assez mollassons les uns comme les autres !) et encore moins franchement dramatique ou angoissant (pas d’intrigue, pas de coup et pas de mort visibles !), juste un film choral avec des acteurs qui ont en commun de déambuler tranquillement au gré du vent et du temps, à travers plusieurs décors de la Grosse Pomme, sous prétexte de « flâner » ostensiblement dans la ville qui ne dort jamais, le tout sur fond d’une BO aussi évanescente qu’entraînante...

C.LB



 
 
 
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