en 
 
 
cinema

 
 

Mutafukaz

Sortie  le  23/05/2018  

De Guillaume « Run » Renard & Shojiro Nishimi avec les voix de Orelsan, Redouanne Harjane, Féodor Atkine, Gringe, Julien Kramer, Emmanuel Karsen, Gilbert Levy, Alain Dorval et Kelly Marot


À la suite d’un accident de scooter provoqué par la vision d’une mystérieuse inconnue, Angelino, un bon à rien comme il y en a des milliers à Dark Meat City, une sordide mégapole de la côte Ouest, commence à avoir de violentes migraines accompagnées d’étranges hallucinations. Avec son fidèle ami Vinz, il tente de découvrir ce qui lui arrive, alors que de menaçants hommes en noir semblent bien déterminés à lui mettre la main dessus...

Comment ne pas (re)trouver un petit air de ressemblance avec Lascars, une comédie franco-allemande toute en animation sortie en 2009 qui dépeignait déjà une banlieue « parisienne » assez sordide avec ses « drôles » d’habitants, notamment une bande de racailles de tout poil bien nazes sur les bords et doublés par un casting 5 étoiles ? Sauf qu’ici, au lieu de se dérouler chez nous, cette réalisation franco-japonaise est transposée aux « States », dans une ville proche visuellement de Los Angeles, avec une population sacrément hétéroclite composée principalement de drôles de tronches, entre autres celles de jeunes losers faisant profil bas, de gangs de mexicains armés jusqu’aux dents, de dealers à la dégaine de « zombies », ainsi que de mystérieux catcheurs, de créatures informes appelées les Machos, et d’une bande de tueurs en costume sombre à la poursuite d’une bonne partie de tout ce petit monde, avec en voix off un parterre de chanteurs et acteurs de la génération actuelle (Orelsan, Gringe, Redouanne Harjane).
En pareille « situation », le décor est toujours aussi réaliste – notamment celui d’une zone à la fois sale et dangereuse -, les personnages bizarres aussi attachants que repoussants – entre ceux d’un traditionnel manga nippon et ceux d’un dessin animé américain classique un peu à la Fritz The Cat (plus dans le fond que dans la forme d’ailleurs !) -, l’histoire fantastique assez haletante – « c’est chelou avec des tentacules crâniennes ! » -, les dialogues forcément appropriés – « t’as bouffé une tortue ninja ou quoi ? « -, le graphisme intéressant – très réel et fort stylisé au niveau de la mise en scène comme des cadrages -, et l’ambiance spéciale – autant crade que violente et autant merdique que glauque -. Les références viennent ici et là pimenter ce scénario destiné plus particulièrement à un public averti, que ce soit à travers une annotation à la série télévisée The walking dead ou alors les accroches en grosses lettres qui apparaissent directement sur l’écran dans le style de ces bandes annonces d’antan autour de vieux thrillers, films d’horreur ou policiers des années 50/60.
On doit cette production richement ambitieuse, au style frais et novateur, dynamique et poétique, atypique et (d)étonnante, autant à Guillaume « Run » Renard, auteur de bandes dessinées (notamment celle-ci, adaptée pour la 1ère fois au cinéma) et illustrateur, qu’à Shojiro Nishimi, directeur de l’animation du studio 4°C et aussi animateur pour des films comme Akira, Mind game, Amer béton et Batman – Gotham knight. C’est sûr et même évident que ce genre de long métrage de science-fiction old school tendance comics/punk sur fond de hip-hop (une BO composée par Guillaume Houzé et The Toxic Avenger), créé par les studio d’Ankama Animations, change carrément voire radicalement de ceux sortis de chez Disney ou d’ailleurs : c’est peut-être pour toutes ces (excellentes) raisons que Mutafukaz a remporté le Prix du Jury jeunes et le Prix de la meilleure musique originale au dernier festival de Gérardmer en 2017...

C.LB



 
 
 
                                                      cinema - theatre - musique