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Cornélius, le meunier hurlant

Sortie  le  02/05/2018  

De Yann Le Quellec avec Anaïs Demoustier, Gustave Kervern, Christophe Paou, Denis Lavant et Bonaventure Gacon


Un beau jour, un village du bout du monde voit s'installer un mystérieux visiteur, Cornelius Bloom, qui aussitôt se lance dans la construction d'un moulin. D’abord bien accueilli, le nouveau meunier a malheureusement un défaut : toutes les nuits, il hurle à la lune, empêchant les villageois de dormir. Ces derniers n’ont alors plus qu’une idée en tête : le chasser. Mais Cornelius, soutenu par la belle Carmen, est prêt à tout pour défendre sa liberté et leur amour naissant.

Drôle de film que celui-ci avec des personnages pour le moins étranges et des réactions toute aussi bizarres, chacun(e) plus ou moins bel et bien allumé(e), entre le côté décalé et le ton clownesque, l’esprit cinglé et l’ambiance un tant soit peu psychédélique : en résumé, l’allure d’un western dit bucolique à la française sur fond de burlesque d’antan ! Exactement le style de réalisation qu’on ne fait plus et, donc, qu’on ne voit plus aujourd’hui, sauf très rarement - parfois en rediffusion à la télévision -, pas loin du genre Les Branquignols, créés et joués entre autres par Robert Dhéry, ou bien Les Pieds Nickelés, inventés par Louis Forton, une série de bandes dessinées datant du tout début du siècle dernier ! Bref, un long métrage aussi léger que rétro, gentil comme tout, un peu bébête sur les bords, pas méchant pour 2 sous (ou si peu), souvent grotesque et parfois même ridicule par moment mais néanmoins 100% « bio » !
C’est l’OVNI cinématographique dans toute sa splendeur, aussi hétéroclite qu’iconoclaste visuellement et phoniquement parlant, qu’on n’aurait même pas imaginé pouvoir sortir un jour dans des salles, tant l’univers est à mille lieues des productions actuelles, de par un look baba-cool passéiste, des décors - même pas finis pour certains ! – tout à fait tendance Larzac, des protagonistes pour quelques-uns un chouia simplet (notamment les 2 gendarmes), des interventions poussées à l’extrême (la prestation de Denis Lavant en est une preuve flagrante voire irréfutable, excessive à souhait !), des scènes qui se veulent magiques (les hallucinations du héros) mais finalement aux effets comiques pas si humoristiques que cela. On se demande d’ailleurs si cette libre adaptation du roman éponyme du finlandais Arto Paasilinna n’a pas été trop sortie de son contexte 1er !
En réalité, il faut prendre ce film comme il vient, comme un conte qui traverse les conventions, qui se fout éperdument des modes et autres considérations de la sorte, qui joue à fond la carte des expressions et « illuminations » antinaturelles – à la limite de l’amateurisme -, qui s’amuse des formes pour mieux les détourner à sa guise, et qui voit à l’écran des acteurs confirmés - Anaïs Demoustier, Gustave Kervern, et Christophe Paou (vu dans Comme un chef, L’inconnu du lac, Gare du Nord, et La chambre interdite) - se prêter au jeu des fantaisies d’un cinéaste somme toute assez décalé ou, du moins, ayant un « grain » (c’est bien de circonstance !), en l’occurrence Yann Le Quellec, déjà remarqué par ces 2 moyen-métrages : Je sens le beat qui monte en moi (2012), et Le Quepa sur la Vilni ! (2013) - Prix Jean Vigo. En un mot, un concentré de fable qu’on n’attendait pas un seul instant mais qui à le mérite d’exister et surtout d’être capable d’en surprendre plus d’un...

C.LB



 
 
 
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