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Sortie  le  27/06/2018  

De Park Chan-Wook avec Kim Myoeng-su, Song Kang-ho, Yeong-ae Lee, Byung-hun Lee, Shin Ha-kyun, Tae-woo Kim et Christoph Hofrichter


Deux militaires coréens sont assassinés sur le pont du Non-Retour à la frontière de la Corée du Nord et de la Corée du Sud. Une enquête est menée par le sergent Sophie E. Lang d'origine suisse. Elle va tenter de reconstituer le drame avec l'aide du sergent Oh Kyeong-Pil suspecté de connaître la vérité.

Une photo superbement léchée – certes très légèrement délavée voire passée mais pourtant colorée et parfois fort contrastée -, des cadrages stylisés à outrance allant même parfois chercher un angle de prise de vue des plus subtiles qui soient, une mise en scène aussi remarquable qu’admirable, des acteurs tous parfaitement justes autant les uns que les autres, une histoire dramatique au possible, à la fois bien construite, vraiment palpitante et franchement touchante, sans oublier une BO sublime qui vous envoûte à plus d’un titre : bref, un vrai chef-d’œuvre cinématographique et pourtant totalement méconnu chez nous. Alors, pourquoi donc avoir attendu tout ce temps pour sortir enfin ce petit bijou du célèbre cinéaste sud-coréen Park Chan-Wook (Sympathy for Mister Vengeance ; Old boy ; Lady Vengeance ; Je suis un cyborg ; Thirst ceci est mon sang ; Stoker ; Mademoiselle) ?
En effet, cette réalisation datant de 2000 n’a jamais encore été projetée en France et c’est néanmoins - et en tous points - une excellente surprise qui nous attend, à la fois du côté du scénario écrite par le metteur en scène lui-même et de celui de ce thriller parfaitement maîtrisé avec en fond une enquête policière ou plutôt ici militaire, le tout entre suspisions et confrontations, interrogations et dépositions, prise en charge de suspect(s) et réalité des faits (sous la forme de flash-back), intimidations et aveux. Mais le plus incroyable, c’est que les enjeux développés ici – ceux de la « guéguerre » entre les 2 Corées et surtout de leur fameuse « ligne de démarcations » constamment surveillée des 2 côtés de cette « frontière » (« après ½ siècle de division =... ») - fait écho avec l’actualité d’aujourd’hui, une pacification éventuelle voire un rapprochement possible (« ...= un 1er pas vers la réunification ! »), et le fait d’envisager la fin de la fabrication de « bombes atomiques » (tiré de propos mentionnés par l’un des protagonistes).
Quoi qu’il en soit, c’est un long métrage passionnant (malgré sa durée d’1h50 !) et humain qui nous captive dès le début, nous emmenant dans les conséquences et autres dérives paranoïaques de 2 pays ennemis parlant la même langue, comme les considérations psychologiques d’un « conflit » diplomatique, politique et économique qui s’éternise depuis bien (trop) longtemps, autour de la présence d’une commission neutre de surveillance internationale (cette fois, représentée par une « suisse » d’origine coréenne et un suédois sans nuance) qui doivent rechercher les raisons (le pourquoi du comment) d’un tel « incident » chez les « cocos » (dans l’un de leurs nombreux postes de garde), et du copinage – plus proche de la fraternisation proscrite d’ailleurs - entre opposants de longue date ou plutôt entre « grands frères » qui se regardent, s’épient et se tirent parfois dessus sans se connaître vraiment.
En résumé, une captivante histoire d’amitié pleine de virtuosité narrative, de beauté affichée et de tendresse ambiante mais également au climat rempli d’intrigues tendues, de violence sous-jacente, de rebondissements inattendus et aussi de certains stéréotypes flagrants, dans un lieu que l’on n’a pas souvent l’habitude de voir sur grand écran....

C.LB



 
 
 
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