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Amoureux de ma femme

Sortie  le  25/04/2018  

De Daniel Auteuil avec Daniel Auteuil, Gérard Depardieu, Sandrine Kiberlain, Adriana Ugarte et John Sehil


Daniel est très amoureux de sa femme, mais il a beaucoup d'imagination et un meilleur ami parfois encombrant. Lorsque celui-ci insiste pour un diner "entre couples" afin de lui présenter sa toute nouvelle, et très belle, amie, Daniel se retrouve coincé entre son épouse qui le connaît par coeur et des rêves qui le surprennent lui-même.

Voilà l’exemple type du cinéma - à papa - français un tant soit peu ciblé, en l’occurrence de la comédie plus ou moins dramatique destinée à une certaine catégorie générationnelle de spectateurs, disons-le franchement pas vraiment toute jeune, voire même carrément à un public pas spécialement averti et tendance plutôt âgée, de par la présence de 2 grands « monstres sacrés » hexagonaux, Daniel Auteuil, à la fois devant et derrière la caméra, et Gérard Depardieu, souvent présent à ses côtés à travers plusieurs mises en scène (souvenez-vous de Jean de Florette, Le placard, et 36 Quai des Orfèvres !). Si le 1er réalise ici son 3ème long métrage (après La fille du puisatier et Marius & Fanny), tiré de l’œuvre théâtrale de Florian Zeller intitulée L’envers du décor, le 2ème joue le style de prestation qu’il aime bien endosser ces temps-ci, c’est-à-dire celui d’un bon "gros" copain un peu fort (dans tous les sens du terme d’ailleurs !) à la fois sympathique, avenant, juste et droit tel qu’il l’avait déjà interprété récemment dans par exemple La dream team, Tour de France, Bonne pomme, ou bien encore Un beau soleil intérieur. Bref, l’un comme l’autre s’amusent dans la peau de personnages qu’ils affectionnent souvent !
Il va s’en dire qu’arrivé à ce stade de leur imposante filmographie (maintes fois récompensées et à juste titre : à ce sujet, Daniel Auteuil a remporté dernièrement un César pour son travail dans Le Brio !), ils peuvent tout se permettre, du moins, presque, n’ayant plus grand-chose à prouver, appuyant et soulignant le trait parfois à outrance (ils sont constamment tout sourire quelque peu mielleux), hésitant, grimaçant et surjouant l’étonnement à bien des égards, poussant même le côté burlesque, ridiculement emprunté, maniéré, figé pour ne pas dire coincé limite mal à l’aise, lorsque l’occasion se présente. En résumé, ils en font un peu trop, autant dans le grotesque que dans le rajout de leurs situations respectives ! Heureusement, les 2 actrices en face d’eux sont excellentes, chacune dans leur propre registre ou, si vous préférez, leur genre de prédilection. En effet, Sandrine Kiberlain est parfaite et drôle avec son regard si expressif d’épouse curieuse qui met les pieds dans le plat et à qui on ne l’a fait pas (ou plus !), suivie de la splendide espagnole Adriana Ugarte (vue notamment dans Julieta de Pedro Almodovar) qui tient la dragée haute à tout ce beau monde en jeune compagne aussi sensuelle que décidée.
Quoi qu’il en soit, on ne s’ennuie pas (fort heureusement, le film n’excède pas 1h30 !), entre les hypocrisies, quiproquos, mensonges, non-dits et incompréhensions de chacun(e), surtout venant de la part de Daniel Auteuil qui s’octroie ici – et encore une fois - le beau rôle de celui qui est ailleurs, qui pense à autre chose, lui le « roi de la négociation », de l’imagination, de l’invention et de l’obsession, au contentement perpétuellement affiché, aux nombreuses absences répétées et aux divagations particulièrement fantasmées, et cela malgré certaines répétitions, dérapages, débordements et autres excès à la clé (notamment à partir du coup de la sauce chocolat renversée !). A travers un montage astucieux sans être vraiment audacieux, on se laisse emmener docilement par ce joyeux quatuor, lors d’un dîner prétexte à des situations proches du type apprêté, ampoulé (et pour cause puisque c’est une pièce à la base !), qui fera sans (aucun) doute en sourire plus d’un(e)....

C.LB



 
 
 
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