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L’extraordinaire voyage du fakir

Sortie  le  30/05/2018  

De Ken Scott avec Dhanush, Bérénice Bejo, Barkhad Abdi, Gérard Jugnot, Erin Moriarty, Abel Jafri, Ben Miller et Sarah-Jeanne Labrosse


Aja, un jeune arnaqueur de Mumbai entame, à la mort de sa mère, un extraordinaire voyage sur les traces du père qu’il n’a jamais connu.
Il rencontre l’amour à Paris dans un magasin de meubles suédois, le danger en compagnie de migrants somaliens en Angleterre, la célébrité sur une piste de danse à Rome, l’aventure dans une montgolfière au-dessus de la Méditerranée, et comprend finalement ce qu’est la vraie richesse et qui il souhaite devenir.


Drôle de production franco-belgo-indienne que celle-ci, un conte moderne plutôt loufoque, composé d’un casting pour le moins original, aussi inattendu qu’« international » (voir la liste ci-dessus), et adapté du best-seller de Romain Puértolas sorti en 2013 dont le titre exact – et à rallonges - est L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea. Et qui cite une telle marque – même d’origine suédoise -, au logo reconnaissable entre tous (affiché d’ailleurs sur la couverture du livre !), doit forcément s’attendre à voir cette enseigne s’afficher régulièrement à l’écran, entre énumération d’une bonne partie du catalogue avec plusieurs publications insérées bien significatives en prime, et visite « non-guidée » à maintes reprises dans l’un des nombreux magasins de meubles implantés un peu partout chez nous. Si les producteurs cherchaient le sponsor idéal pour boucler leur budget et éventuellement amortir quelques frais supplémentaires, c’est gagné !
Alors, faut-il s’attendre à regarder une pub « déguisée » d’environs 1h30 ? Non, fort heureusement, la marque n’étant ici qu’un prétexte plus ou moins fallacieux à faire se rencontrer et voyager certains des protagonistes. L’histoire est plus un moyen de jouer les « cartes du hasard » autant romancées qu’aventureuses, qui ont été données à notre principal héros, un indien soi-disant fakir (joué par Dhanush, acteur tamoul devenu une véritable star dans son pays et de plus chanteur) qui quitte New Delhi pour la France, vivant contre son gré un grand nombre de péripéties plus incroyables, acadabrantes et invraisemblables les unes que les autres aux 4 coins de l’Europe, tout en tentant de retrouver celle qu’il aime. Une façon comme une autre de se – et également de nous – dépayser entre Paris (toujours aussi caricaturée à l’écran, avec en prime un Gérard Jugnot dans la peau d’un chauffeur de taxi arnaqueur), Londres (entourée de clandestins africains avec une partie musicale en plus), Rome (avec Bérénice Béjo en vedette de cinéma capricieuse – un rôle de composition bien entendu ! - et une danse endiablée pour couronner le tout), et la Libye (dans un camp de réfugiés – sujet d’actualité oblige ! - pour bel et bien s’apitoyer sur le sort de ces malheureux immigrants errants).
Alors, faut-il s’imaginer avoir à faire à une comédie dans à peu près la même veine que le célèbre Slumdog millionnaire ou alors que Lion, basé sur une histoire vraie ? Oui, un peu, d’autant que le côté « pauvre qui ne veut pas le rester » transpire à presque chaque coin de ce scénario à la fois rocambolesque et abracadabrant, tournant parfois au drame (il se trimballe avec les cendres de sa maman décédée lors de son grand périple), au pittoresque (sa rencontre amoureuse, ses espiègleries, ses tours de magie et autres illusions sont assez enfantines voire même puériles, mais toujours avec un large sourire arboré comme excuse) et au mélo (il fait voir le bon côté des choses en toute circonstance, notamment en musique et en danse). Si cette « leçon de vie » sous forme de fable magnifique peut vous paraître un peu trop édulcorée, on ne peut plus douce, bienveillante, délicate, gentille, polie, bien lissée sur les bords et sans aucune violence à l’image, c’est normal, c’est fait exprès !
En effet, le réalisateur canadien Ken Scott (Starbuck ; The delivery man ; Jet lag) a voulu dégager une atmosphère de bien-être général - du cinéma « feel-good » comme on dit de l’autre côté de l’Atlantique ! - à travers une odyssée et des sentiments aux allures de circonstances exceptionnelles mais tout de même particulièrement aberrantes, histoire de garder un esprit certes parfois immature et absurde (y a-t’il quelqu’un qui a déjà transporté une armoire Ikéa, même entre 2 pays, sans jamais la démonter ? j’en doute fort !) mais néanmoins poétique, expressif et agréable à souhait.....

C.LB



 
 
 
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