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Mes frères

Sortie  le  04/07/2018  

De Bertrand Guerry avec David Arribe, Thomas Guerry, Sacha Guerry, Sophie Davout, Guillemine Boulte, Christoph Walder et Clément Ducol


Deux frères, Eddy et Rocco, ont connu leur heure de gloire sur la scène « Rock Indé » à la fin des années 90. On les retrouve dix ans plus tard sur une île, défilant en tête de la fanfare locale. Les souffrances ont brisé les cœurs et meurtri les corps, mais la joie va renaître de la fraternité.

Cette histoire, c’est d’abord et surtout celle d’une amitié fraternelle très solide, d’une fratrie certes à l’apparence imperfectible mais qui semble avoir subi certains revers autrefois, tant on (re)sent qu’il s’est passé quelque chose de grave jadis, qu’il reste de la souffrance dans l’air, des non-dits comme des secrets (de famille) qui n’ont pas encore été complètement digérés ni totalement dévoilés. Il suffit de les regarder, l’un boiteux, excentrique, alcoolique et souvent à l’excès alors que l’autre est posé, bienveillant, prévoyant et mutique tel un muet de naissance, pour se rendre compte qu’une grande part d’ombres plane autour de ces 2 frères et sœur ainsi que de leur jeune progéniture. Bref, il y a de la tension perceptible, palpable tout au long de ce drame qui n’attend qu’une étincelle pour qu’il y ait enfin confrontation et que ça explose au visage de chacun des protagonistes !
Ils ont beau plus ou moins ruminer une tragédie qui personne ne veut réellement révéler, on se doute bien que cela ne se fera pas sans quelques dégâts au final dont certains collatéraux. Toute la puissance de ce récit réside justement dans ces rapports de force cachés afin d’essayer de protéger au mieux l’épanouissement de plusieurs intervenants. Et la réussite d’une telle entreprise passe obligatoirement par un casting performant aussi représentatif qu’expressif. Que ce soit l’excellent David Arribe (surtout connu comme comédien de théâtre) en estropié qui traîne la patte, aussi décharné (il ressemble un peu à Iggy Pop mais cette fois atteint de la fibrodysplasie ossifiante progressive, maladie génétique très rare appelée aussi de l’homme de pierre) que désœuvré et fracassé (il veut « foutre sa vie en l’air ») qui porte ce film ; l’impressionnant Thomas Guerry (essentiellement danseur, chorégraphe et accessoirement frère du réalisateur) en frangin très présent et toujours sur le qui-vive ; Sacha Guerry (fils du réalisateur) plus vrai que nature pour sa 1ère apparition à l’écran ; ou Sophie Davout (également scénariste, maman et épouse du réalisateur), ils forment un ensemble qui se tient parfaitement, tous au diapason d’un metteur en scène inspiré.
Ce dernier, Bertrand Guerry, a pour son 1er long (il a déjà plusieurs courts et documentaires à son actif) réquisitionné toute la famille (son 2ème fils joue également un petit rôle) pour que cette production indépendante puisse voir le jour dans les meilleures conditions et sous les plus beaux auspices, tournant à l’île d’Yeu plus belle que jamais, privilégiant tour à tour des scènes sans dialogue, des plans séquences et un montage cut, choisissant une BO à suspense et parfois pop plutôt branchée (Talisco ; Manu Chao ; Black Lilys ; Eddy La Gooyatsh ; Philémon Cimon...). Malgré quelques passages aussi nébuleux que décousus qui naviguent entre engueulades, sermons, pas de danse et folie ambiante, on ne tombe jamais dans le pathétique ni dans le larmoyant, loin de là. En résumé, un film prometteur qui mérite une attention toute particulière, notamment pour tous ceux qui aiment parfois sortir hors des sentiers battus d’un cinéma trop souvent conventionnel...

C.LB



 
 
 
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