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The happy prince

Sortie  le  19/12/2018  

De Rupert Everett avec Rupert Everett, Colin Firth, Colin Morgan (II), Emily Watson, Tom Wilkinson, Edwin Thomas et Antonio Spagnuolo


À la fin du XIXe siècle, le dandy et écrivain de génie Oscar Wilde, intelligent et scandaleux brille au sein de la société londonienne. Son homosexualité est toutefois trop affichée pour son époque et il est envoyé en prison. Ruiné et malade lorsqu’il en sort, il part s’exiler à Paris. Dans sa chambre d'hôtel miteuse, au soir de sa vie, les souvenirs l'envahissent…
Est-ce bien lui celui qui, un jour, a été l'homme le plus célèbre de Londres ? L'artiste conspué par une société qui autrefois l'adulait ? L'amant qui, confronté à la mort, repense à sa tentative avortée de renouer avec sa femme Constance, à son histoire d'amour tourmentée avec Lord Alfred Douglas et à Robbie Ross, ami dévoué et généreux, qui a tenté en vain de le protéger contre ses pires excès ?
De Dieppe à Naples, en passant par Paris, Oscar n'est plus qu'un vagabond désargenté, passant son temps à fuir. Il est néanmoins vénéré par une bande étrange de marginaux et de gamins des rues qu’il fascine avec ses récits poétiques. Car son esprit est toujours aussi vif et acéré. Il conservera d’ailleurs son charme et son humour jusqu’à la fin : « Soit c’est le papier peint qui disparaît, soit c’est moi… ».


Défenseur absolu devant l’éternel « génie » que fut Oscar Wilde, Rupert Everett n’a jamais caché son grand « amour » pour cette célèbre figure littéraire anglaise du 19ème siècle qu’il affectionne tout particulièrement, ayant d’ailleurs joué à plusieurs reprises – et parfois même adapté – quelques-unes de ses pièces, que ce soit au cinéma (Un mari idéal et L’important d’être constant, tous les 2 réalisés par Oliver Parker), soit au théâtre (The Judas kiss ; L’important d’être constant, d’abord avec le cinéaste italien Carlo Vanzina puis bien après dans une mise en scène par Jérôme Savary). Quoi qu’il en soit, le voilà autant derrière – c’est sa 2ème réalisation cinématographique ! - que « surtout » devant la caméra pour interpréter le rôle principal, bien évidemment celui d’Oscar Wilde à la fin de sa vie, alors qu’il vient de sortir de prison, après 2 ans de travaux forcés, et qu’il essaye désespérément de survivre entre opprobre et déchéance (il mourra le 30 novembre 1900 dans un hôtel miteux, rue des Beaux Arts à Paris).
Pour cette prestation du fameux poète maudit, il ne s’est pas privé d’être omniprésent à l’écran pendant 1h40, s’octroyant la plupart des répliques et autres tirades, sans oublier quelques citations et extraits de poèmes, allant même jusqu’à se faire un peu la « gueule » de Marlon Brando grossi (pour ne pas dire bouffi) dans Le parrain ainsi qu’à chanter (il a sorti en son temps un album de chansons). Il ne laisse malheureusement que très peu de place à ses talentueux « ami(e)s » venus lui prêter main forte, que ce soit Colin Firth (déjà son camarade dans Another country : histoire d’une trahison, présent aussi ensemble dans L’importance d’être constant, Pensionnat pour jeunes filles rebelles, St Trinian’s 2 et Shakespeare in love), Emily Watson, Tom Wilkinson ou bien encore Béatrice Dalle. Normal, me direz-vous, il en a écrit également le scénario ! Raison de plus donc pour se mettre bel et bien en avant et en faire si possible un max sans ménagement entre belles phrases et beaux discours, quitte à en devenir un tant soit peu pompeux et prétentieux !
Si le style se veut à tout prix complaisant, maniéré voire ampoulé, clamant parfois à l’emporte-pièce tel une « vieille folle » en pleine errance, à la limite du pauvre martyr qu’il est devenu dans cette existence misérable « souillée de merde », c’est que ce rôle d’homosexuel facétieux au rictus de circonstance lui va comme un gant, lui qui l’avait déjà bien rodé notamment dans Le mariage de mon meilleur ami, puis dans Un couple presque parfait. Cette production à l’esthétisme très photogénique (autant parisien qu’en Italie et sur la côte normande) est sans doute réservée à une certaine intelligencia, se limitant à passer de bars en lits et de lits en bars, histoire de prouver ses écarts, déviances et autres vices à l’époque, entrecoupée de brèves réminiscences de son glorieux passé, le tout sans véritable intrigue ni émotion à la clé.

C.LB



 
 
 
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