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Rojo

Sortie  le  03/07/2019  

De Benjamin Naishtat avec Dario Grandinetti, Andrea Frigerio, Alfredo Castro, Laura Grandinetti, Diego Cremonesi et Susana Pampin


Argentine, 1975. Claudio, avocat réputé et notable local, mène une existence confortable, acceptant de fermer les yeux sur les pratiques du régime en place. Lors d’un dîner, il est violemment pris à parti par un inconnu et l’altercation vire au drame. Claudio fait en sorte d’étouffer l’affaire, sans se douter que cette décision va l’entraîner dans une spirale sans fin.

Comment en vouloir à quelqu’un qui a la tête de Jean-Pierre Darroussin ? Il faut préciser que l’acteur argentin Dario Grandinetti (Parle avec elle ; Les nouveaux sauvages ; Julieta) ressemble assez à notre cher acteur français, le côté bougon et râleur en moins, sauf qu’ici, il est plutôt d’un calme olympien, d’un stoïcisme flagrant, lent, posé, droit (normal, il est avocat et de plus opportuniste ses heures perdues !), sachant parfaitement maîtriser les problèmes en toute occasion même celles irréversibles, surtout lorsqu’il trimballe dans le coffre de sa voiture une victime agonisante. Bref, il est « maître » de la situation !
Si cette fois encore la vie reprend son cours, cela semble se resserrer inexorablement sur lui, ses comportements donnant l’impression d’être bizarres comme si ses petites arnaques plus ou moins louches cachaient d’autres choses bien plus complexes. C’est que l’homme a l’air énigmatique, tout autant que cette intrigue étrangement montée (avec une drôle d’entrée en matière à travers une dispute inattendue plus proche d’un duel de dominations, suivie d’une enquête à ressorts tout aussi nébuleuse et assez bavarde !), entre silence et complicité, affrontement et pouvoir, suspicion et manipulation, non-dits et intimidation, hypocrisie et mensonge.
On doit ce polar quelque peu « étouffant » au réalisateur argentin Benjamin Naishtat (Historia del miedo ; El Movimiento) qui réussit à nous captiver grâce à une mise en scène sortant des sentiers battus, photo et reconstitution des années 70 comprises, et un casting porté par la présence (r)assurée de son acteur principal, certes clopant à tout bout de champ mais impeccable de dignité comme de « self-control ». Ce n’est d’ailleurs pas pour rien si ce film a remporté plusieurs prix au dernier festival de San Sebastian, ceux du Meilleur acteur pour Dario Grandinetti, du Meilleur réalisateur et de la Meilleure photographie....

C.LB



 
 
 
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