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Haut les filles

Sortie  le  03/07/2019  

De François Armanet avec Jeanne Added, Jehnny Beth, Lou Doillon, Brigitte Fontaine, Charlotte Gainsbourg, Françoise Hardy, Imany, Camélia Jordana, Elli Medeiros et Vanessa Paradis


En France, la révolution rock du jour se joue au féminin pluriel. Face aux clichés virils du rap et du rock, les femmes iconoclastes réinventent le corps, le désir, l’apparence, à rebours de tous les codes sur la beauté, le vêtement, la décence, le genre. Pourquoi et comment en est-on arrivé là ? Le rock usé, pour renaître, avait besoin d’une mue, de changer de rythme, de peau, de langue, de sexe. Le nouveau commando des filles a pris le pas, la parole, et joue la nouvelle manche. Au micro, sur scène ou dans la vie, dix chanteuses charismatiques tournent les pages de soixante ans de rock français.

Pour certaines, le rock, c’est Elvis Presley côté étranger et Johnny Hallyday en France (dixit Françoise Hardy). Pour d’autres, c’est l’insolence (selon Lou Doillon). Mais pour toutes celles que l’on voit interviewées ici à l’écran, c’est un parcours pas aussi évident qu’il en a l’air aux premiers abords, un endroit de connexion au départ, « un truc de mecs pour les mecs » à la base. Entre chanter, crier, jouer, être en transe et assumer, chacune propose une version bien à elle du fait de monter sur scène (leurs souvenirs notamment lors de leur 1er concert) et donne ses impressions vis-à-vis du métier d’artiste rock français.
Qu’elle arrive à maîtriser ou pas, c’est à celle qui saura s’adapter le mieux et souvent à sa façon, quelque soit la perception que l’on peut avoir de sa voix, le style ou le choix de chansons souvent portées sur la tristesse (il y a une forme de complaisance dans le malheur et les ténèbres), ou les différents « canons » de beauté qui s’y collent (selon Charlotte Gainsbourg), d’autant que le plus important dans l’affaire, « c’est l’abandon », « là où le cœur défaille » (selon les propres termes d’Anne Fontaine), « c’est l’envie de chanter plus forte que les complexes », « c’est prendre sa liberté », « c’est survivre ». Et ce n’est pas Edith Piaf, l’une des pionnières dans ce domaine (mai si, mais si !), qui vous dira le contraire !
Vous l’aurez compris, il est ici beaucoup question de la condition de femme – féminine ou pas, féministe ou non - dans ce milieu encore machiste, sexiste et misogyne, à travers ce documentaire d’1h20 sur 60 ans de musique qui nous permet de (re)découvrir quelques-unes de nos plus emblématiques représentantes en la matière. A coups d’images d’archives et de scopitones (l’ancêtre du clip), on voit défiler un beau florilège de « spécimens » d’auteures et/ou interprètes à la fois sincères et touchantes, dont certaines plutôt bien gratinées (Anne Fontaine en tête). Voilà donc un historique plus ou moins nostalgique sur des femmes qui ont certes pris des risques mais qui ne veulent surtout pas lâcher prise.
Bref, les gars n’ont qu’à bien se tenir, les filles n’ont plus besoin d’être protégées par eux, elles sont indépendantes, puissantes et sont là pour un bon bout de temps (et tant mieux d’ailleurs !) : « oh les filles oh les filles,... »

C.LB



 
 
 
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