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5 est le numéro parfait

Sortie  le  23/10/2019  

De Igort avec Toni Servillo, Valeria Golino, Carlo Bussirosso et Laia Forte


Peppino Lo Cicero, ex-tueur à gages de la Camorra est fier de son fils qui gravit les échelons du crime organisé. Mais quand celui-ci est froidement tué dans un guet-apens, il reprend du service accompagné de son ami Toto le boucher. Leur quête de vérité va déclencher une spirale de vengeances et de trahisons dans les clans mafieux du Naples des années 70.

L’adaptation en images réelles d’une bande dessinée notamment française au cinéma n’a pas toujours été signe de réussite : si les Astérix, les Petit Nicolas, les Ducobu, le Sur la piste du Marsupilami et les Profs ont été plutôt des succès, L’immortel, Le Lucky Luke, le Blueberry, le Gaston Lagaffe, le Michel Vaillant, le Iznogoud, le Boule et Bill ou dernièrement le Benoît Brisefer et le Bécassine n’ont pas été bien accueillis ou, si vous préférez, n’ont pas remporté les résultats et autres suffrages tant espérés pour continuer sur la lancée. Celle-ci, créée par le dessinateur Igort, est italienne et fut un phénomène d’édition lors de sa sortie en 2002, devenant un livre culte et recevant prix et félicitations de tou(te)s, autant du public que des professionnels (elle a été traduite en 15 langues dans une vingtaine de pays). Alors la voir transcrite sur grand écran ne peut qu’être synonyme de fortune ou de triomphe !
C’est d’ailleurs son propre auteur qui s’est attelé à cette « lourde » tâche, celle de remettre en scène au détail près ses planches à dessin version séquences animées, n’oubliant aucun plan ni aucune situation comme s’il avait calqué chacune des 175 pages que contient la BD originale. On a la très nette impression qu’il s’est inspiré des ambiances d’antan, vus entre autres chez les films de Caro & Jeunet, en les remaniant à sa propre sauce, format « noir » assuré et style vieux jeu assumé sur fond de pluies incessantes, sans discontinuer. Si l’ensemble est plus posé et plus lent (des longs travellings et de rares plans de coupe), un peu moins élaboré que ces illustres prédécesseurs, il reste néanmoins graphiquement très stylisé, visages patibulaires, ruelles sombres, lumières blafardes et Borsalino de mise, comme « à l’ancienne ».
Pour rendre encore plus crédible cette histoire de « gentleman d’une autre génération », de tueur avec de la classe, il a fait appel à des « gueules » et non des moindres sous les traits de Toni Servillo en porte-flingue sur le retour (vu dans La grande bellezza, Un balcon sur la mer, Il divo, La fille du lac, et Gomorra – déjà !) et de Valeria Golino en élégante « pépé » amourachée du premier (présente dans Rain man, Respiro, Actrices, Les opportunistes, et récemment dans Dernier amour) qui semblent s’être beaucoup amusés à sortir l’artillerie ou, du moins, à tirer copieusement au revolver et à jouer les gangsters d’un autre « âge ».
Malgré certains dialogues autour d’anecdotes et de souvenirs sans raison apparente avec l’intrigue, on se laisse bercer nonchalamment par ce « simple » scénario de vendetta d’une violence certes rentrée mais d’un réalisme affiché, dont l’esprit album aussi descriptif que figuratif a été respecté à la lettre (près), BO comprise....

C.LB



 
 
 
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