In fabric

Sortie  le  20/11/2019  

De Peter Strickland avec Marianne Jean-Baptiste, Gwendoline Christie, Fatma Mohamed, Hayley Squires, Julian Barratt et Leo Bill

La boutique de prêt-à-porter Dentley & Soper's, son petit personnel versé dans les cérémonies occultes, ses commerciaux aux sourires carnassiers. Sa robe rouge, superbe, et aussi maudite qu'une maison bâtie sur un cimetière indien. De corps en corps, le morceau de tissu torture ses différent(e)s propriétaires avec un certain raffinement dans la cruauté.

On aurait voulu rendre un vibrant hommage aux productions dites angoissantes de jadis, limite aux films d’horreur des années 70, qu’on ne s’y serait pas pris autrement ! Tourné d’une manière un peu saturé, outrageusement coloré et grossièrement appuyé en ce qui concerne les costumes, les expressions et les attitudes, ce long-métrage de Peter Strickland (Katalin Varga ; Berberian sound studio ; The duke of Burgundy) s’amuse ouvertement à faire un gros clin d’œil à ce cinéma d’antan qui installait des ambiances particulières sur fond d’une BO au synthé vibrant, le tout avec assez peu de moyens et un casting souvent pratiquement inconnu.
C’est à nouveau le cas ici façon ancienne génération, exactement comme dans le passé d’ailleurs, sur fond d’une réalisation plutôt posée voire lente presque au ralenti, d’images d’archives sporadiques, d’un montage plus ou moins épileptique et d’une musique qui pompe allégrement parfois celle de la célèbre série télévisée anglaise, Amicalement vôtre, composée par John Barry. Là-dessus, il faut rajouter une histoire assez abracadabrante – une robe rouge sang pour le moins mortelle, tuant toutes celles et ceux qui la portent – dans une atmosphère sensuelle pour ne pas dire au parfum érotique.
Bref, un côté vieux jeu certes affiché mais assumé ! Si, à la base, l’idée semble amusante à imaginer malgré quelques passages parfois excessifs (notamment les scènes de machines à laver qui s’emballent) ou qui s’éternisent un peu (on passe d’une propriétaire à l’autre pendant 2 heures), il est sympathique de découvrir des actrices rarement ou, du moins, pas souvent vus à l’écran (Marianne Jean-Baptiste, aperçue entre autres dans 28 jours en sursis, The cell, Spy game – jeu d’espions, et Edge of tomorrow ; Gwendoline Christie présente dans Star Wars – épisode VII et VIII, Hunger games – la révolte, Darkest minds, et Bienvenue à Manwen ; Hayley Squires dans Collatéral et Moi, Daniel Blake ; et la roumaine Fatma Mohamed qui joue une vendeuse énigmatique à l’allure excentrique et aux paroles étranges). En résumé, une curiosité pour les adeptes de raffinements cruels lors des soldes londoniennes....

C.LB