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It must be heaven

Sortie  le  04/12/2019  

De Elia Suleiman avec Elia Suleiman, Tarik Kopty, Kareen Ghneim, Ali Suliman, Vincent Maraval, Fares Muqabaa et Gael Garcia Bernal


ES fuit la Palestine à la recherche d'une nouvelle terre d'accueil, avant de réaliser que son pays d'origine le suit toujours comme une ombre. La promesse d'une vie nouvelle se transforme vite en comédie de l'absurde. Aussi loin qu'il voyage, de Paris à New York, quelque chose lui rappelle sa patrie.
Un conte burlesque explorant l'identité, la nationalité et l'appartenance, dans lequel Elia Suleiman pose une question fondamentale : où peut-on se sentir « chez soi » ?


Il y a à la fois du Buster Keaton, du Charlie Chaplin et aussi bien sûr du Woody Allen (notamment à travers ses lunettes et son visage étonné, limite d’ahuri) dans ce drôle de personnage principal – veuf apparemment ! - qui déambule nonchalamment tout au long de ce long métrage : c’est le réalisateur lui-même, Elia Suleiman (Cyber Palestine ; Intervention divine ; Le temps qu’il reste ; 7 jours à La Havane), qui se met en scène, passant de l’autre côté de sa caméra comme d’ailleurs son célèbre homologue américain cité précédemment, endossant un rôle de mutique complet – excepté seulement 2 mots exprimés par ce « palestinien de Nazareth » -, tout en scrutant, avec un œil aussi surpris que perplexe et méfiant, les réactions de ces semblables au quotidien qui passent et défilent inlassablement devant ses yeux.
Qu’il soit chez lui (en Palestine) ou ailleurs comme en voyage (à Paris et à New-York), ce bonhomme, au canotier visé sur la tête, semble porter un regard à la fois curieux et amusé sur notre monde incongru – du moins, le sien ! – et sur ces petits travers qui peuvent faire sourire et même rire parfois. Son film faussement muet est monté telle une suite de saynètes à la manière de plusieurs petits sketches indépendants les uns des autres, à travers des situations qui se passent très souvent sans (besoin de) parole, tour à tour humoristiques voire comiques, absurdes et même grotesques, soulignant ici et là ou appuyant à outrance certaines scènes et détails plus que d’autres.
On dirait quasiment un Charlot des « temps modernes », pointant son objectif sur les aléas particuliers et autres aberrances singulières de notre existence, mettant en scène sa propre vision – et version – de la comédie humaine actuelle, entrecoupée d’intermèdes autant visuels que musicaux. L’ensemble a ce côté charmant, explicite et poétique qui n’a pas échappé à l’œil aguerri des jurés lors du dernier festival de Cannes, remportant justement pour l’occasion une mention spécial du jury...

C.LB



 
 
 
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