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La vie invisible d’Euridice Gusmào

Sortie  le  11/12/2019  

De Karim Aïnouz avec Carol Duarte, Julia Stocker, Gregorio Duvivier, Barbara Santos, Flavia Gusmào et Maria Manoella


Rio de Janeiro, 1950. Euridice, 18 ans, et Guida, 20 ans, sont deux soeurs inséparables. Elles vivent chez leurs parents et rêvent, l’une d’une carrière de pianiste, l’autre du grand amour. A cause de leur père, les deux soeurs vont devoir construire leurs vies l’une sans l’autre. Séparées, elles prendront en main leur destin, sans jamais renoncer à se retrouver.

Elles sont jeunes, belles et joyeuses, aussi complices qu’insouciantes à leur âge, toutes les 2 encore vierges et espèrent vivre un avenir radieux, du moins, une existence joyeuse selon leurs désirs et autres espoirs plus ou moins cachés. Si la plus grande est partie en quittant la maison, pardon, fuyant sans prévenir avec le premier marin rencontré (un grec qui l’emmène sur les mers !), la cadette elle reste seule et se réfugie dans le piano qu’elle affectionne afin de préparer un concours pour intégrer un conservatoire de musique (si possible à Vienne en Autriche !). Bref, 2 destinées quelque peu mouvementées, bien loin de ce qu’elles attendaient l’une comme l’autre de la vie !
On suit les pérégrinations de chacune d’entre elles en parallèle, entre un retour enceinte et un mariage sans amour, entre une famille morte de honte et un mari libidineux, entre une survie difficile et une existence dénuée d’intérêt. Sans forcément s’apitoyer sur leur sort réciproque, chacune trouve une échappatoire à sa façon (« quand je joue, je disparais »). Néanmoins « éloignées » l’une de l’autre, elles s’écrivent mutuellement sans qu’elles puissent se lire d’aucune manière possible, soit par missive cachée, soit par lettre couchée sur un journal intime.
C’est un joli mélodrame autour du sens de la filiation chevillé au corps (et à l’esprit), qui se déroule dans « un pais tropical » (de Rio de Janeiro, nous ne verrons que le Corcovado au loin, quelques ruelles pavées et des vieilles tractions avant) et auquel nous convie le réalisateur brésilien Karim Aïnouz (Madame Satà ; Le ciel de Suely ; Viajo porque preciso volto porque te amo ; La falaise argentée), dépeint une époque révolue – les années 50 – avec beaucoup de sensibilité et de sensualité, jusqu’à suivre ses « héroïnes » dans leur moindre recoin et leur plus stricte intimité. Aussi touchant qu’émouvant, il a bien mérité son Prix à Un Certain Regard au Festival de Cannes 2019.

C.LB



 
 
 
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