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La beauté des choses
Sortie
le 29/01/2020
De Bo Widerberg avec Johan Widerberg, Marika Lagercrantz, Tomas Von Brömssen, Karin Huldt, Nina Gunke et Kenneth Mildoff
1943. Alors que ses camarades sont très occupés à parler de sexualité, un trouble s'installe entre Stig, jeune lycéen et son professeur Viola. Stig est attiré par cette femme belle et mature, Viola aime chez Stig sa jeunesse et son innocence. Ils deviennent vite amants. Mais Stig rencontre fortuitement Frank, le mari de Viola, représentant de commerce, alcoolique et fantasque. Une étrange relation d’amitié va naître entre eux.
En général, il ne suffit de pas grand-chose – un regard, la vue d’une main, d’un cou, d’une jupe ou bien encore d’une échancrure...- pour être capable d’en émoustiller plus d’un, d’autant plus si celui-ci est encore un enfant, un ado lycéen, face à une maîtresse d’école jeune, belle et plutôt bien « gaulée ». Il faut reconnaître que l’actrice suédoise Marika Lagercrantz – devenue depuis attachée culturelle de l’ambassade de Suède en Allemagne ! – a vraiment tous les atouts (certes toujours souriante mais sans en faire trop, pas vraiment du style aguicheuse !) pour réveiller en soi quelques pulsions « d’amour interdit » plus ou moins obsessionnelles et provoquer ainsi les 1ers émois comme les 1ers désirs chez un jeune garçon, certes encore gamin mais aux si beaux traits et à l’allure si mature ! C’est le propre fils du réalisateur suédois Bo Widerberg, Johan, qui endosse ce rôle à la perfection, aussi crédible et attirant qu’il puisse l’être à l’écran avec sa manière si décontractée voire si débonnaire, et sa façon de la jouer sans rouler les mécaniques ni trop en rajouter. Alors que ces copains de classe encore pubère sont encore à parler de nombres de fois, de tailles et d’autres mesures, lui a déjà une « longueur » d’avance sur eux, étant déjà passé à l’acte coïtal avec l’expression d’un fin connaisseur, sûr de lui et de son charme et l’air de rien. Il a beau être épié par 2 filles de son établissement « prêtes à tout » pour avoir ces grâces, il n’en est pas moins l’amant de sa prof, qui elle est mariée à un homme assez singulier grand amateur de musiques classiques, et pas du tout décomplexé pour ça, bien au contraire : bref, la thématique traditionnelle du trio amoureux mais cette fois à la mode nordique avec un léger soupçon d’érotisme assumé ! Si l’ultime film de Bo Widerberg est bel et bien teinté de réalité sociale (le jeune rebelle issu d’un milieu modeste qui s’émancipe), empreinte d’authenticité historique (le scénario se déroule pendant la seconde guerre mondiale, d’où quelques allusions à travers certaines petites scènes d'antisémitisme affiché, d’avions bombardiers et de grand frère travaillant dans un sous-marin de guerre) et de passion romantique affichées, comme d’ailleurs la plupart de ceux qu’il a tourné auparavant (Elvira Madigan en 1967 ; Adaien’31 en 1969 ; Joe Hill en 1971), il a été récompensé par un Ours d’Argent à la Berlinale de 1996 et nominé à l’Oscar du meilleur film étranger, toujours le même année. Malgré une certaine lenteur narrative, surtout dans la seconde partie, on se laisse happer par cet éveil des sens et cette aventure sentimentale basés sur une partie des souvenirs d’enfance du metteur en scène pas si passéiste ni dépassée que cela, à travers cette belle production intime et autobiographique, un brin coquine, qui bizarrement est restée inédite au cinéma : autre temps, autres mœurs sans doute....
C.LB
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