en 
 
 
cinema

 
 

Trois étés

Sortie  le  22/06/2020  

De Sandra Kogut avec Régina Casé, Otavio Muller, Gisèle Frôes, Rogerio Fröes, Carla Ribas, Luciano Vidigal et Allison Willow


Chaque année, Edgar et Marta organisent une grande fête dans leur luxueuse résidence d’été, orchestrée par leur gouvernante Mada et les autres employés de la maison. Mais, en trois étés, tout va basculer. Alors que le monde de ses riches patrons implose, balayé par des scandales financiers, Mada se retrouve en charge de la propriété dont elle est bien décidée à tirer le meilleur parti.

3 dates à la même période de l’année qui s’inscrivent en lettres capitales sur l’écran, 3 moments clefs découpés chacun en une 1/2h montrant comment ce qui donnait l’apparence, du moins, l’impression d’une vie douce, agréable voire frivole, bref, sans soucis, a bien pu voler en éclat et se transformer en disgrâce, abandon, prison et système D suite aux malversations frauduleuses de ses propriétaires (« ils ont volé l’argent des écoles et des hôpitaux ! »). C’est que la « patronne » responsable de cette superbe villa, une majordome aussi dévouée que dynamique et souriante, va bien être obligée malgré elle de se débrouiller seule, tout en subvenant autant à ses besoins qu’à ceux du reste du personnel employé comme elle dans cette grande demeure, véritable personnage à part-entière mais néanmoins suffisamment principale au même titre d’ailleurs que cette femme « entreprenante ».
Cette dernière est campée par la magistrale et phénoménale actrice Régina Casé (Pleine lune sur Parador ; La vie peu ordinaire de Dona Linhares ; Rio, eu te amo ; Une seconde mère), à la fois efficace et pleine de vie, ordonnée et décontractée, drôle et moqueuse également, réelle boule d’énergie et de gouaille, toujours aux petits soins, l’œil sur tout, jamais à court d’idées ni d’initiatives et encore moins en mal de solutions, aussi à l’aise que si elle était chez elle. C’est bien l’idée – elle vend les affaires de cette famille dans la tourmente et, connaissant le potentiel à tirer de cette villa, loue son intérieur pour des tournages cinématographiques - qui va lui trotter dans la tête après la perquisition et la découverte du sort réservé à son bon maître. Ce n’est pas pour rien si son rôle lui a permis de remporter le Prix de la Meilleure Actrice tour à tour au festival de Rio de Janeiro 2019 et au festival Antalya 2019 !
Quelle joie et surtout quel plaisir de voir évoluer cette actrice brésilienne à la présence indéniable et au statut correspondant, au tempérament solide, au caractère affiché et à la personnalité assumée ! Ce portrait au vitriol d’une société néolibérale à bout de souffle, rongée par ses démons, est astucieusement mis en scène – Prix du Meilleur Montage au festival de La Havane 2019 -, sans qu’aucune image du drame qui se joue en coulisses (on le sent bien mais on ne le voit pas) ne soit montrée à l’image. Seule la mine déconfite du proprio pendu à son téléphone laisse présager le pire à venir ! En résumé, un vrai bonheur visuel à déguster, par exemple avec une cachaça ou une caïpirinha.....

C.LB



 
 
 
                                                      cinema - theatre - musique