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Les lèvres rouges

Sortie  le  11/03/2020  

De Harry Kümel avec Delphine Seyrig, John Karlen, Danielle Ouimet, Andrea Rau, Paul Esser, Georges Jamin et Joris Collet


Valérie et Stefan, immobilisés à Ostende, séjournent dans un vaste hôtel désert en cette morte-saison. Le couple fait alors la connaissance de l'inquiétante comtesse Bathory et de sa protégée Ilona, ténébreuses créatures de la nuit. Elles envoûtent d’abord le jeune homme, fasciné par des meurtres mystérieux perpétrés dans la région, puis Valérie, intriguée par l’étrange relation qui unit les deux femmes…

On pensait voir un film de genre, d’horreur ou d’épouvante, et on assiste en réalité à une sorte de méli-mélo érotico/fantastique plutôt maniérée et quelque peu dépassé pour ne pas dire démodé (nous sommes dans les années 70) avec notamment de séduisantes femmes vampires et de surcroît lesbiennes, aussi sensuelles et glamour que des postures de gravures de mode sur papier glacé : c’est bien notre « veine » ! Pas l’ombre d’une scène dite trash ou d’action (juste des accélérations de voiture et des coups de ceinture), pas la moindre frayeur à l’horizon (seulement des ébats, des élans, des regards et des troubles bien soulignés), pas le plus petit « suçon » dans le cou (rien n’est montré, tout est plus ou moins suggéré !) : c’est à croire que le réalisateur belge Harry Kümel (Malpertuis ; Eline Vere) s’est simplement contenté d’assouvir certains de ses désirs en les tournant de façon snob et ampoulée à Ostende, pardon, à outrance.
Pour cela, il a choisi la plus précieuse, la plus sophistiquée, la moins naturelle (non, pas Sylvie Vartan !) et la moins spontanée de nos actrices, la divine et regrettée Delphine Seyrig (souvenez-vous de L’année dernière à Marienbad, La musica, Baisers volés, La voie lactée, Peau d’âne, Maison de poupée ou bien encore d’India song !). Elle est fait des tonnes le plus ouvertement, élégamment (quel chic dans sa garde-robe !) et appuyé possible - on la voit tricoter dans un Palace 5 étoiles ! - sans se soucier une seconde de savoir si son jeu de sulfureuse ambiguë, à la voix de velours plutôt envoûtante, restera à jamais gravé dans les mémoires. Elle n’est malheureusement pas la seule à mal joué ici, d’autant que le reste du casting est plus là pour réciter et se déshabiller (l’une a même une coupe de cheveux à la Mireille Mathieu !) que pour vraiment donner « corps et chaire » à cette production au féminin d’un autre âge.
L’ensemble fait voluptueux, caricatural, désuet, kitch, passéiste, suranné, vieillot : ça a sans (aucun) doute son charme - à grands renforts d’effets assez grossiers et de larmes mais avec si peu de sang ! - mais que de plans inutiles et soporifiques parfois ! La visite de la plage d’Ostende ou celle des canaux de Bruges, ainsi que la BO de François de Roubaix ne suffisent pas à sauver ce « long »-métrage d’art et d’essai de série B soi-disant gothique en version anglaise (il en existe une en français). Question « coucou, fais-moi peur » sensé être sanglant, il faudra repasser ou bien alors aller revoir Le bal des vampires qui lui n’a pas perdu de sa superbe ni de son humour malgré le temps qui passe....

C.LB



 
 
 
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