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Dommage collateral (sur Canal + Grand Ecran)

Sortie  le  02/06/2022  

De Andrew Davis avec Arnold Schwarzenegger, Elias Koteas, Francesca Neri, Cliff Curtis, John Leguizamo et John Turturro


Vétéran des Sapeurs Pompiers de Los Angeles, le capitaine Gordy Brewer risque quotidiennement sa vie au service d’inconnus. Mais aucun des multiples drames rencontrés au fil de sa longue carrière ne pouvait le préparer à perdre d’un coup ce qu’il avait de plus précieux : sa femme et son jeune fils. Arrivé avec quelques minutes de retard à un rendez-vous, Gordy assiste, impuissant, à un attentat à la bombe contre le consulat de Colombie. Le terroriste visait une poignée de hauts dignitaires colombiens oeuvrant à la signature d’un traité de coopération avec les Etats-Unis et, symboliquement, leur escorte militaire et divers représentants de la police et des services de renseignements américains. Bilan : des dizaines de passants innocents, parmi lesquels une jeune femme et un petit garçon, Anne et Matt Brewer. Dévasté, Gordy peut seulement espérer que le coupable soit rapidement identifié grâce à son témoignage et châtié. Mais l’évidence s’impose au bout de quelques jours : la CIA n’a aucune intention d’aller cueillir le redoutable El Lobo dans son repaire ni de la faire extrader. Après avoir épuisé tous les recours, Gordy n’a plus qu’une solution : se rendre seul sur place et tenter de débusquer le terroriste par ses propres moyens….

A travers ces quelques lignes de résumé, on pourrait tout à fait y déceler un hommage posthume aux centaines de pompiers qui ont péris lors des attentats du 11 septembre à New York. Mais il faut savoir que le film était déjà tourné bien avant cette fameuse date, ce qui explique sa sortie décalée de plusieurs mois pour ne pas choquer l’opinion publique américaine. De plus, le scénario de ce film d’action parle directement des actes terroristes possibles, des fanatiques capables de placer des bombes un peu partout, sujet ultrasensible pour l’instant chez les américains. Bref, il fallait attendre patiemment avant de pouvoir enfin admirer au cinéma Arnold Schwarzenegger.
Et là, on peut dire qu’on en a pour notre argent ! « L’incroyable Hulk » s’en donne à cœur joie, autant dans les bagarres, où il s’en sort toujours victorieux, que dans les valeurs politiquement correctes qu’il défend consciencieusement à chacune de ses nouvelles apparitions. En effet, depuis plusieurs années, il incarne et défend, en bon père de famille modèle qu’il est en privé, l’image des valeurs américaines qu’il représente ici avec une jolie femme (blonde de surcroît) et son fils, tout comme l’image du sauveur d’innocentes victimes lors d’incendies difficiles et périlleux puisqu’il joue un capitaine de sapeurs pompiers. En plus de tout cela, il est le héros qui vole au secours d’une énigmatique veuve, interprétée par Francesca Neri (Hannibal), et d’un orphelin typé, dans un pays inconnu pour lui, la Colombie, contrée ravagée par 10 années de guerre civile. Limité en bagages et avec très peu de moyens (sa bite et son couteau !), il réussit à se transformer aussi en une espèce de McGyver intrépide. Bref, rien de nouveau comme à son habitude puisqu’il en fait des tonnes, à grand renfort de tours de bras, surtout lorsqu’il décide d’intervenir sur un litige ou une discussion un peu houleuse. A force, il en devient agaçant, voir même odieux ! Qu’il soit en présence d’un violent incendie ou qu’il soit molesté par des révolutionnaires armés, pas une once de son visage ou de son corps n’est marqué par une quelconque égratignure, sa permanente toujours impeccable, jamais de travers, comme s’il se croyait toujours et encore invincible, indestructible comme à l’époque de Conan le barbare et de Terminator.
C’est tellement grotesque qu’au bout d’un moment, on se désintéresse complètement de l’issue de sa quête de vengeance. Seules les bagarres interviennent ici et là pour donner un peu de rythme à l’histoire. Il est vrai que le réalisateur Andrew Davis (Sale temps pour un flic, Opération Crépuscule, Piège en haute mer, Le fugitif, Poursuite, Meurtre parfait) ne s’embarrasse pas de grandes réflexions métaphysiques ou de longs monologues pompeux pour faire bouger son héros. Il préfère s’amuser à nous présenter une armada de méchants souvent trompeurs, des cascades de grande ampleur bien agencées, des explosions massives fort impressionnantes et quelques effets spéciaux qui nous en mettent plein la vue, histoire de masquer le peu de véracité de ce scénario, formaté production à grand spectacle. Une épreuve de plus qu’on aurait aimé éviter de voir !
Même les acteurs, comme John Turturro ( Barton Fink, La défense Loujine, Illuminata) et John Leguizamo (Moulin Rouge, Extravagances, Roméo et Juliette), ne font qu’une petite apparition aussi futile qu’inintéressante. Ce « désolant » spectacle ne peut manquer de nous interroger sur le bien fondé d’une telle réalisation où il n’y a pas l’ombre d’une représentation crédible et d’une situation vraisemblable de la part du héros principal, juste une suite d’interventions musclées qui s’accentuent notamment vers la fin. A quoi bon avoir attendu plusieurs mois pour assister à ce thriller à facettes, une mascarade des films d’action bien ficelés, qui n’apporte rien de nouveau, ni de transcendant. D’autres sujets du même type ont déjà réussi à nous captiver, mais celui-là est loin de nous mettre en appétit, voir même de remporter un intérêt général !
Schwarzie continue à endosser le même rôle dans le même genre de films à scénario spécialement écrit pour lui, sans se remettre en question une seule fois. Il est trop vieux pour nous donner encore l’apparence du surhomme. Les stéréotypes grotesques et les clichés éhontés, qu’il nous sert ici, ne méritent vraiment pas une quelconque ovation. Si Papy fait de la résistance, c’est sûrement pour nous prouver que ses muscles n’ont pas fondus avec l’âge !

C.LB



 
 
 
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