La grande traversée (sur Ciné + Emition)

Sortie  le  22/03/2022  

De Steven Soderbergh avec Meryl Streep, Candice Bergen, Dianne Wiest, Lucas Hedges, Gemma Chan et Saskia Larsen (sur Ciné + Emotion les 22, 23, 25 et 28/03 + 03 et 05/04

Ecrivaine américaine à succès et lauréate du prix Pulitzer, Alice Hughes, en panne d'inspiration, entreprend un voyage à bord du Queen Mary 2, vers l'Angleterre où elle doit recevoir un prix littéraire. Elle est accompagnée de son agent, de deux amies qu'elle n'a pas vues depuis trente ans, et de son neveu Lucas. La traversée s'annonce tumultueuse...

Qui a dit que les « vieux » acteurs et actrices, appelés aussi seniors, ne tournaient plus ou bien alors très rarement ? Sûrement pas celles qui composent principalement le casting du nouveau film de Steven Soderbergh, les 3 stars que sont la merveilleuse Meryl Streep (72 ans dans un peu plus de 2 mois), la non moins excellente Candice Bergen (la doyenne, 76 ans dans un mois), ainsi que la formidable Diane Wiest (qui vient tout juste d’avoir 73 ans). A elles seules, elles représentent d’une certaine manière 85% des prises de vues de cette production, et l’essentiel voire la quintessence de ce qui se fait encore de mieux du côté de rôles dits de « gentilles mamies », de vieilles dames encore dignes, ici, d’anciennes amies de fac qui ne se sont pas revues depuis au moins une cinquantaine d’années.
Pour ne surtout pas trop les fatiguer et les laisser se reposer, le réalisateur les a fait tourner sur un paquebot lors d’une traversée transatlantique – et pas n’importe lequel, le Queen Mary II svp ! -, personnage à part entière et omniprésent à l’écran du pont jusqu’aux cabines en passant par les salons, histoire de rester dans le tangage des retrouvailles plus ou moins mouvementées (plus paisibles et tendres que mouvementées d’ailleurs !), des émotions également (mais vite ravalées). Il les a surtout laissé parler beaucoup pour ne pas dire papoter de tout et de rien, autour d’interrogations existentielles, entrecoupées d’une soi-disant enquête, d’une sorte de sondage auprès des 2 autres afin de connaître l’état d’esprit de chacune d’entre elles. Si Meryl Streep intellectualise un peu les dialogues, Candice Bergen cherche à « s’encanailler » et Diane Wiest passe son temps à lire.
Il est question autant de l’ébauche d’un manuscrit à finir que d’un bon parti à trouver, autant de rencontres fortuites ou inopinées (on se croise et on s’évite) que d’émois stoppés nets dans leur élan (le neveu constamment hésitant en prend pour son grade), autant d’anciennes rancœurs conservées que de conversations souvent superficielles mais jamais vraiment cruelles, le tout sur fond d’une BO jazzique typée U.S. quelque peu ampoulée. Bref, du remplissage fastidieux « en bon et du forme », sans réelles discussions animées ni véritable règlement de compte tant attendu pourtant ! Et tout cela fait des longueurs à n’en plus finir sur une durée d’1h50 et c’est long, surtout quand on est en voyage, « bloqué » sur un bateau aussi beau soit-il ! On comprend mieux que ce long-métrage, tourné en seulement 8 jours, soit resté inédit en France et qu’il soit aujourd’hui diffusé directement sur une célèbre chaîne cryptée.

C.LB