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Cruella (sur Canal + Cinéma)

Sortie  le  14/08/2022  

De Greg Gillespie avec Emma Stone, Emma Thompson, Paul Walterhauster, Emily Beecham, Joel Fry, Paul Walter Hauser, Kirby Howell-Baptiste et Mark Strong (sur Canal + Cinéma les 14 et 16/08)


Londres, années 70, en plein mouvement punk rock. Escroc pleine de talent, Estella est résolue à se faire un nom dans le milieu de la mode. Elle se lie d’amitié avec deux jeunes vauriens qui apprécient ses compétences d’arnaqueuse et mène avec eux une existence criminelle dans les rues de Londres. Un jour, ses créations se font remarquer par la baronne von Hellman, une grande figure de la mode, terriblement chic et horriblement snob. Mais leur relation va déclencher une série de révélations qui amèneront Estella à se laisser envahir par sa part sombre, au point de donner naissance à l’impitoyable Cruella, une brillante jeune femme assoiffée de mode et de vengeance …

Les seconds rôles iconiques de méchantes de chez Disney, à l’époque tout en animation et maintenant adaptées au cinéma sous forme de préquel tournées dorénavant en prises de vue réelles, ont semble-t-il la cote ces temps-ci : après Maléfique 1 & 2, tirée de La belle au bois dormant, voici Cruella (d’Enfer) des 101 dalmatiens ou comment une jeune fille devient un personnage dit « maudit » : à quand donc des adaptations rien que pour elles sur grand écran, notamment de la reine sorcière Grimhilde (Blanche-Neige et les 7 nains), de Madame de Trémaine (Cendrillon), de la reine de cœur (Alice au pays des merveilles), ou bien encore d’Ursula (La petite sirène) ? Quoi qu’il en soit, voilà une femme haute en couleurs qui méritait qu’on raconte enfin sa « véritable » histoire, du moins, pourquoi elle est en arriver à devenir une grande malfaisante qu’on a toujours adoré détester en images !
Et le moins qu’on puisse dire, c’est que cette dernière est loin d’être le genre à faire profil bas (plus adepte du grabuge d’ailleurs), pas vraiment consensuelle (plus proche d’une petite souillon orpheline à la Cendrillon), devenue une voleuse plus rock’n’roll voire punk limite trash sur les bords que sage, timorée et bien apprêtée, bref, le type même de la malsaine Cruella découverte dans les différentes versions des 101 – puis 102 – dalmatiens réalisées en 1996 et en 2000 (souvenez-vous de Glenn Close qui l’incarnait à la perfection !). Mais celle qui l’interprète ici – Emma Stone (vue dans La couleur des sentiments, The amazing Spider-Man 1 & 2, Birdman, La favorite, et oscarisée en 2016 pour sa prestation dans La la land) – n’a pas tout à fait l’étoffe d’une cruelle et malveillante « héroïne », trop gentille et pas assez impitoyable, disjonctée, folle ou cinglée dans son dédoublement de la personnalité (une Eva Green aurait fait l’affaire et aurait été un choix sans aucun doute plus judicieux, convaincant et performant qu’elle !).
Celle qui lui vole la vedette n’est autre que La baronne, jouée par la formidable et impayable Emma Thompson (entre autres 2 fois oscarisées pour Retour à Howard Ends et Raison et sentiment), qui n’en loupe pas une dans la peau d’une prêtresse de la mode un tant soit peu insupportable, une marâtre tyrannique dans le genre plutôt exécrable au plus haut point : bref, pour mieux vous la décrire, elle est aussi performante, géniale et subtile que Meryl Streep, alias Miranda Priestly, dans la jubilatoire Le diable s’habille en Prada. Quoi qu’il en soit, tout l’univers connu des « 101 dalmatiens » est bien là, scrupuleusement respecté à la lettre : les chiens (on comprendra pourquoi elle porte une haine viscérale à ces charmantes créatures à 4 pattes !), la voiture (une Panther De Ville, forcément !), et les vauriens (un peu moins patauds que ceux déjà montrés auparavant). Les clins d’œil au monde de la mode ne sont pas en reste : la baronne est une caricature éhontée d’Anna Wintour et son assistant ressemble à s’y méprendre à Yves Saint-Laurent jeune et timide. Quand aux robes, elles ont un look plutôt grandiose (merci à la costumière Jenny Beavan, oscarisée pour Mad Max : fury road et Chambre avec vue).
Quoi qu’on en dise, le scénario se tient, parfaitement agencé autour d’une vengeance savamment élaborée – certes un poil trop long (petit coup de mou au milieu du film) – pour nous dépeindre les raisons qui ont poussé cette drôle d’Estrella à devenir une créatrice de mode surdouée puis la célèbre Cruella qui nous faisait en son temps si peur et sursauter à chacune de ses apparitions. Rien d’effrayant ni d’horrible cette fois – production Walt Disney oblige ! -, juste une histoire de concurrence, de rivalité et de défi – tout l’art de faire diversion - entre une étoile montante et sa prestigieuse aînée, sur fond d’une BO on ne peut plus branchée – et quelle « compilation avec des titres de Queen, The Doors, Blondie, Bee Gees, Supertramp, Ike & Tina Turner, The Clash, Electric Light Orchestra, Nina Simone (pour ne citer que les plus connus)…

C.LB



 
 
 
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