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Les intranquilles (sur Canal + Cinéma)

Sortie  le  08/11/2022  

De Joachim Lafosse avec Leila Bekhti, Damien Bonnard, Gabriel Merz Chammah, Patrick Descamps, Jules Waringo et Alexandre Gavras


Leila et Damien s’aiment profondément. Malgré sa bipolarité, il tente de poursuivre sa vie avec elle sachant qu’il ne pourra peut-être jamais lui offrir ce qu’elle désire..

Fatiguant, agaçant, épuisant, exaspérant, incapable de rester tranquille un instant, super actif tout le temps, jamais un moment pour tenir en place ou pour se reposer voire même dormir (il n’y arrive d’ailleurs pas), limite violent : avoir tout cela en une seule personne, ça doit être dur à gérer, d’autant plus si l’homme que vous avez en face de vous est une véritable force de la nature ! Damien Bonnard (Rester vertical ; Voir du pays ; En liberté ; Les misérables) incarne magistralement ce « forcené » frénétique qui s’active sans cesse, un artiste peintre au regard halluciné et en pleine effervescence, qui veut s’occuper de tout (« j’suis en forme ! »).
Face à lui, Leila Bekhti, sa femme à l’écran, qui ne le reconnaît plus, qui nage en plein délire, pas loin du pétage de « capsule » elle aussi (« faut qu’ça s’arrête, qu’il se calme ! »), jouant l’infirmière malgré tout devant une « psychose » complètement folle capable de l’anéantir mais qui, malheureusement, ne se soigne pas (« je ne peux pas te promettre de guérir »). Alors, forcément, ça (s’en)gueule, ça explose, ça prend une tournure invivable pour l’un comme pour l’autre des protagonistes.
Le réalisateur et scénariste belge Joachim Lafosse (A perdre la raison ; Les chevaliers blancs ; L’économie du couple) s’est inspiré de ce qu’il a vécu avec son père maniaco-dépressif, afin de peindre le portrait de ce personnage haut en couleur et à fleur de peau, bougeant et remuant continuellement, qu’il faut essayer de suivre, filmant chaque intervenant au plus près de leur visages et de leurs expressions pour mieux capter les ressentis, les émotions, les affects, les failles et les souffrances qui vont rendre leur vie impossible. Le film est construit autour de plusieurs moments volés – et agités - dans leur existence, exactement entre 2 crises, une sortie d’hôpital récente et une rechute annoncée.
L’ensemble, certes un peu long (d’une durée de 2 heures), est néanmoins prenant, touchant, poignant, accaparant, tourné dans des lieux superbes (villa sur la Côte d’Azur ; maison en forme de ferme réaménagée). Une bonne surprise qui tient la route à bonne distance et sans « bipolarité », sans dérèglement ni dévier d’un iota…

C.LB



 
 
 
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