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Marché noir

Sortie  le  05/01/2022  

De Abbas Amini avec Amirhosein Fathi, Mani Haghighi, Baran Kosari, Hassan Pourshirazi, Hamed Alipour et Sepideh Mazaheri


Expulsé de France, Amir retourne vivre chez sa famille en Iran. Par solidarité avec son père, il se retrouve impliqué dans un crime et va devoir fréquenter le traffic de devises étrangères au marché noir. Mais la culpabilité le ronge…

Ne surtout pas confondre avec un autre film du même nom, polar allemand sorti en 1966 ! Non, celui-ci, qui aurait très bien pu se traduire par L’abattoir de l’angoisse (The slaughterhouse), est un thriller/polar iranien où la majeure partie de l’action se déroule dans une « exploitation » de viande actuelle, située aux portes de Téhéran. Un drame sobre, parfaitement maîtrisé, subtilement joué (notamment à travers l’excellente prestation d’Amirhosein Fathi) et astucieusement monté, qui a d’ailleurs reçu le Prix du Jury au dernier Reims Polar, et qui dénote sérieusement avec les autres productions plutôt traditionnelles de cette région du monde : souvenez-vous des longs métrages d’Abbas Kiarostami, de Mohsen Makhmalbaf, de Jafar Panahi ou bien encore de Bahram Bayzai !
Ici, l’histoire est axée sur les malversations, magouilles et embrouilles qui gangrènent quelques secteurs de la société iranienne, autour d’un trafic de devises étrangères, notamment le dollar qui transite entre plusieurs pays limitrophes de l’Iran, ainsi que d’un marché « boursier » parallèle et clandestin soi-disant de la viande), et cela à travers les réactions comme les doutes d’un homme devenu malgré lui le chauffeur et l’homme à tout faire d’un patron crapuleux, à la fois voyou et criminel, dans une sombre affaire de meurtre et de commerce illégal, l’écoulement illicite de dollars passés frauduleusement depuis l’Irak et la Syrie.
A lire ce pitch, on pourrait tout à fait croire avoir à faire à un synopsis américain mais tout est l’œuvre du réalisateur et scénariste Abbas Amini, pas encore connu chez nous mais qui gagne à le devenir rapidement, loin d’une censure omniprésente. Grâce à lui, nous voilà embarqué dans un engrenage à la fois intense et infernal, aussi noir qu’épineux et aussi funeste que délicat, où les motivations des uns font bon ménage avec la raison – ou les remords - des autres, où la cupidité croise la soif de vengeance, où les méandres de la compromission côtoient les tensions sociales, politiques et géopolitiques, dans un pays qui s’ouvre petit à petit à certaines pratiques venues de l’Occident et plus précisément des Etats-Unis.
La viande sert de couverture à de vastes combines où l’on compte plus les billets verts que les têtes de moutons : bref, ça trafique dur et sans vergogne, et ça peut rapporter gros, autant d’ennuis que de complications, autant de problèmes que de conflits !

C.LB



 
 
 
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