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L’ennemi

Sortie  le  26/01/2022  

De Stephan Streker avec Jérémie Renier, Alma Jodorowski, Emmanuelle Bercot, Félix Maritaud, Zacharie Chasseriaud et Jeroen Perceval


Un célèbre homme politique est accusé d’avoir tué son épouse retrouvée morte, une nuit, dans leur chambre d’hôtel. Est-il coupable ou innocent ? Personne ne le sait. Et peut-être lui non plus.

On aurait voulu faire tout un film à la gloire de Jérémie Renier qu’on ne s’y serait pas pris autrement. En effet, omniprésent à l’écran pendant plus d’une 1h40, l’acteur belge est de tous les plans et de toutes les séquences. Bien mal lui en a prit car sa prestation est bien en deça de ce qu’il nous a déjà montré au cinéma et sa tête de déterré, voire sa « gueule » de fou plus ou moins dégénéré (houppette en prime), n’arrange rien à l’affaire, bien au contraire. On a la très nette impression qu’il s’est trompé de film et gouré de jeu d’acteur, tant il peine à rester crédible face à ses partenaires, autrement plus naturel et à l’aise que lui.
Quelque soit les performances aussi courtes que longues de chacun(e), notamment celles de la belle Alma Jodorowski (La vie d’Adèle ; Le ciel étoilé ; Selfie) en victime désignée, d’Emmanuelle Bercot (aussi reconnue en tant qu’actrice que réalisatrice) en avocate amie, de Félix Maritaud (120 battements par minute ; Sauvage ; Un couteau dans le cœur) en codétenu réfléchi, ou de Zacharie Chasseriaud (Un début prometteur ; Les géants ; Noces) en fils compatissant, ils sauvent comme ils le peuvent la présence de leur confrère pas très convaincant ni convaincu en soi-disant « tueur » amoureux voire passionné à l’extrême, jaloux, nerveux et alcoolique, inculpé pour violences conjugales ayant entraîné la mort et donc incarcéré pour l’assassinat de sa femme.
La faute également au metteur en scène Stephan Streker (Michael Blanco ; Le monde nous appartient ; Noces), peu inspiré – et pourtant avec une histoire dramatique tirée de faits réels - et inspirant (avec un scénario confus), se contentant de tourner avec une caméra rarement fixe des scènes souvent trop écrites, et s’évertuant à enfiler une succession de périodes (avec des flash-back inutiles, entre autres sur la rencontre du couple) au lieu d’une enquête à suspense et d’un procès tenu à la clé. Il se borne à suivre ses protagonistes principaux d’une chambre d’hôtel à la plage (située en mer du Nord), de l’intérieur d’une prison au parloir (l’univers carcéral dans toute sa froideur), et d’une boîte de nuit (avec une BO tantôt jazz tantôt électro) à l’appartement de son chérubin pas très jouasse, sans jamais accéléré le rythme d’une lourdeur et d’une lenteur excessives, sans tension ni émotion.
On a la très nette impression d’être nous aussi enfermé avec ce « héros » en pleine disgrâce dans sa descente aux enfers, à la fois tourmenté, superficiel et insensible (fermé à tout sentiment), à attendre par exemple qu’il se mette à parler flamand lorsque l’occasion se présente, ou bien qu’il nous révèle le fin mot de l’histoire, à savoir la réponse au verdict qu’on attend tous depuis le début : s’il est coupable ou pas de ce à quoi on l’accuse.

C.LB



 
 
 
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