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Nos âmes d’enfants

Sortie  le  26/01/2022  

De Mike Mills avec Joaquim Phoenix, Woody Norman, Scoot McNairy, Gaby Hoffmann, Jaboukie Young-White et Elaine Kagan


Journaliste radio, Johnny interroge des jeunes à travers le pays sur leur vision du futur. Une crise familiale vient soudain bouleverser sa vie : sa sœur, dont il n’est pas très proche, lui demande de s’occuper de son fils, Jesse. Johnny accepte de le faire mais n’a aucune expérience de l'éducation d'un enfant.
Entre les deux débute pourtant une relation faite de quotidien, d’angoisses, d’espoirs et de partage qui changera leur vision du monde.


Il semblerait que Joaquim Phoenix est accepté ce rôle plutôt calme et nonchalant afin de faire une petite pause pour ne pas dire une parenthèse dite « reposante » dans sa filmographie déjà fournie et parfois « dérangeante », bref, sans jouer les éternels écorchés vifs, les possédés ou autres déments à l’écran. Bien mal lui en a pris puisque il se fait carrément voler la vedette par son jeune partenaire très nature et juste, Woody Norman, vu dans des séries télévisées (The white princess ; Les misérables ; La guerre des mondes ; Catastrophe). Ce dernier incarne ici un enfant de 9 ans, le fils unique de sa sœur, devant lequel il a bien du mal à s’imposer et se faire respecter. Maladroit face à cet « enfant roi » qui donne l’impression de faire sa propre loi à sa convenance et selon son bon vouloir, il se retrouve tour à tour déphasé, éberlué, dépassé, éreinté, en un mot, complètement largué.
Le « Joker » est cette fois dompté, limite maté, d’autant que sa « récréation » tant espérée est de courte durée devant l’énergie débordante, les sautes d’humeur répétées, les monologues plats et des théories fumeuses ainsi que les nombreuses questions « existentielles » de ce garçon avec lequel il a bien du mal à « entrer », notamment dans son drôle d’univers. Son seul moyen d’essayer de s’en sortir tant bien que mal est d’appeler à la rescousse toutes les 5 minutes sa sœur - la mère du gosse -, pour lui raconter ses déboires et son incapacité à le gérer convenablement. D’ailleurs, l’autre « vedette » du film est le téléphone, omniprésent dans quasiment chacune des scènes.
De plus, le fameux « Buffalo soldier », l’incroyable « Master » a eu la mauvaise idée d’accepter de jouer dans une production intello, « philosophique », maniérée et prétentieuse de Mike Mills (Age difficile obscur ; Beginners ; 2Oth Century Women), metteur en scène issu de la « nouvelle vague du cinéma indépendant américain », certes d’une qualité esthétique irréprochable (tournée en noir & blanc !) mais d’une lenteur indéniable pour ne pas dire d’une longueur interminable (une suite de travellings pendant plus d’1h50). En tant qu’oncle sans enfant mais passant son temps à les interviewer façon documentaire à travers tous les Etats-Unis (entre Détroit, Los Angeles, Oakland, New York et La Nouvelle Orléans), il aurait pu apprendre un peu plus à leurs contacts.
Et bien non, et tout l’attrait de ce long métrage intimiste repose non pas sur le duo enfant/adulte mais uniquement sur les frêles épaules de ce petit bonhomme espiègle, instinctif, insouciant et inventif qui, en dépit d’être imprévisible, (im)pertinent et « excité » comme une puce, à un père qui lui est complètement taré, pardon, qui a des troubles mentaux (on se demande à qui la faute !)..

C.LB



 
 
 
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