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Great freedom

Sortie  le  09/02/2022  

De Sebastian Meise avec Franz Rogowski, Georg Friedrich, Anton Von Lucke, Thomas Prenn, Alfred Hartung et Andreas Patton


L’histoire de Hans Hoffmann. Il est gay et l’homosexualité, dans l’Allemagne d’après-guerre, est illégale selon le paragraphe 175 du Code pénal. Mais il s’obstine à rechercher la liberté et l’amour même en prison...

Ce n’est pas parce que les toutes premières images – ainsi que les toutes dernières d’ailleurs ! - sont pour le moins explicites que tout le reste du film se doit d’être du même acabit ! Très loin d’un long métrage dit orienté, du type érotique ou bien alors à connotation pornographique, celui-ci traite en réalité d’une histoire d’amitié comme d’un acte d’amour quelque peu particulier, voire même singulier, se déroulant essentiellement en prison, entre un homo multirécidiviste, ex-déporté revenu des camps de concentration mais devant continuer à purger sa peine en détention bien après la Libération et depuis incarcéré à plusieurs reprises pour cause de désir trop fort et, surtout à cause du fameux « paragraphe 175 » (édité par le régime nazi et abrogé seulement en 1969), et 3 de ses (co-)détenus, d’abord un jeune enseignant « pédophile », puis un autre accusé des mêmes faits de « perversité » que notre « héros » et, enfin, un vieux camé « hétéro ».
Il est vrai que depuis Un prophète de Jacques Audiard, on n’a rien vu de franchement nouveau au cinéma sur la vie en milieu carcéral. Mais cette fois, c’est la relation existante entre chacun des protagonistes cités –ci-dessus, le tout sur fond de tatouages, de cigarettes, de brimades, de punitions, de pulsions, de séjours au mitard et de suicide. Et on oscille ainsi entre 3 époques bien distinctes (de 1945 à 1968 en passant par 1957), à l’aide de flash-back parfaitement récapitulatifs du parcours de la plupart des personnages centraux emprisonnés. Côté casting, il est porté par 2 acteurs phénoménaux, Franz Rogowski (Frontalwatte ; Love steaks ; Victoria ; Bed bugs ; Happy end ; Une vie cachée ; Transit ; Une valse dans les allées), et Georg Friedrich (Bright night) qui a un petit air de Gérard Depardieu en plus aminci.
On doit également ses formidables prestations au réalisateur et scénariste autrichien Sebastien Meise (Still life ; le documentaire Outing) qui, sans tomber dans le voyeurisme (les « backrooms ») ou dans le graveleux (les « baisers »), dépeint avec finesse et subtilité les rapports tendus et douloureux pouvant exister entre condamnés, empruntant au passage la superbe chanson de Marcel Mouloudji, L’amour, l’amour, l’amour. Si cette production perd en lenteur et en longueur narratives exacerbées, il gagne en revanche en tendresse, en nuance et en force malgré sa forme très théâtrale. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien s’il représente son pays aux prochains Oscars en mars prochain...

C.LB



 
 
 
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